
Côte d’Ivoire : les femmes du marché Gouro d’Adjamé exigent la libération de leurs leaders et la rupture du contrat avec DIPIMO
Lemandatexpress – Rassemblées par centaines devant le nouveau site du marché Gouro d’Adjamé Roxy, les femmes de la Coopérative du Marché Gouro d’Adjamé (COMAGOA) ont exprimé, samedi 26 avril, leur ras-le-bol face à la société immobilière Digital Partners Immobiliers (DIPIMO) et exigé la libération immédiate de quatre de leurs responsables actuellement incarcérés.
Dans une ambiance électrique, pancartes et slogans à la main, les commerçantes ont dénoncé le non-respect du contrat signé avec DIPIMO en août 2021 pour la construction du nouveau marché. Selon la Présidente de la COMAGOA, Mme Poné Lou B. Hortense, le projet, prévu pour durer deux ans, est loin d’être achevé.
« Je ne veux plus de Richard. Son contrat est fini. Je ne veux même plus qu’il construise mon marché ni aujourd’hui ni demain », a-t-elle déclaré avec fermeté sous les acclamations de ses camarades.
La tension a monté d’un cran avec l’arrestation de quatre responsables de la coopérative : M. Youan Bi S. Alexis (Directeur Général), M. Tra Bi Dyan Emmanuel (Directeur des affaires financières), M. Pone Bi Djê G. (Surveillant Général) et M. Irie Bi Barthez (informaticien). Ils sont poursuivis dans le cadre d’un différend opposant la COMAGOA au promoteur immobilier DIPIMO.
Mme Ohouo Thérèse, deuxième vice-présidente, a vivement critiqué les promesses non tenues par DIPIMO, notamment celle d’un financement d’un milliard de FCFA destiné aux femmes de la coopérative. « Il n’a pas tenu parole », a-t-elle lancé, exigeant aussi le remboursement des fonds de souscription, également estimés à un milliard de FCFA.
Les femmes ont appelé à l’intervention urgente des autorités, notamment du Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, M. Zoro Bi Epiphane Ballo. « Nous souffrons. Que le ministre nous entende. Nous voulons une solution définitive », a imploré Mme Zan Lou Nan Yvette, membre active de la coopérative.
Un procès est désormais inévitable. La confrontation entre la COMAGOA et DIPIMO prendra une tournure judiciaire le 8 mai prochain au tribunal du commerce. Contacté par téléphone, M. Koffi Yao Richard, responsable de DIPIMO, a rejeté toutes les accusations. Il affirme que des fonds ont bel et bien été versés à la coopérative « Ils ont reçu 196 millions pour la comptabilité et 153 millions pour le déplacement du réseau, soit 349 millions au total. » Selon lui, les responsables détenus sont à l’origine des tensions actuelles, accusés d’avoir répandu de fausses informations auprès des partenaires.
« Elles ont choisi le tribunal du commerce, très bien. Mais pourquoi aller se faire justice ? », s’est-il interrogé, appelant à laisser la justice trancher. Pour mémoire, le 30 janvier dernier, le maire de la commune d’Adjamé, M. Farikou Soumahoro, avait suspendu les travaux du marché à la suite de heurts violents entre manifestantes et agents de sécurité de DIPIMO.
Le sort du marché Gouro d’Adjamé reste incertain, tandis que la colère gronde chez celles qui, chaque jour, y gagnent leur pain. Les regards sont désormais tournés vers le tribunal du commerce, arbitre d’un conflit où espoirs brisés, argent public et luttes sociales se croisent.
Izoudine Youssef





























