Lacina Karamoko (Membre du bureau politique RHDP) : « Les candidats choisis pour les élections doivent avoir en esprit qu’être désignés ne garantit pas une victoire certaine »
Dans ce cet entretien, Lacina Karamoko aborde plusieurs sujets dont la période électorale de l’an prochain. Le membre du bureau politique du parti présidentiel exhorte les personnalités choisies pour compétir à savoir raison garder
1) Il fut un temps où vous étiez très médiatisé et, depuis un temps, silence radio. Pourquoi ce long silence ?
Merci. Pour l’homme politique que je suis, la communication est importante pour être en permanence au-devant de la scène. Toutefois, dans toute œuvre humaine, il faut savoir s’arrêter à un moment donné, faire le bilan de ses activités, tirer les enseignements et réorienter, si nécessaire le projet. L’homme politique n’échappe pas à cette procédure classique et universelle. Je me suis donc arrêté un moment et je repars sur de nouvelles bases.
2) Quel bilan ?
Mitigé avec beaucoup d’enseignements. Mais ça va.
3) 2023 est une année électorale. Anyama dont vous êtes résident, aurait, à en croire certaines informations, son candidat pour les municipales à venir, pour le compte du RHDP. D’abord, l’information est – elle exacte et la candidature est-elle consensuelle ?
Oui 2023 est une année électorale importante. Parce qu’elle marque le bilan, à mi-parcours, du premier mandat de la troisième république du Président Alassane Ouattara. Maintenant, comme vous le dites, si bien, une candidate a été choisie pour compétir pour le compte du RHDP aux municipales prochaines. Est- ce que le choix est consensuel ? OUI au niveau du Présidium mis en place, à cet effet, par le Président du Parti. La base n’a pas eu son mot à dire. Toutefois nous sommes des militants disciplinés. Cependant, il faut appliquer l’adage qui dit : « quand on t’envoie, il faut savoir t’envoyer ». Les candidats choisis, dans ces conditions dans toutes les localités, doivent avoir en esprit qu’être désignés par le parti ne garantit pas une victoire certaine. Il y a eu déjà, dans un passé récent, plusieurs cas pour illustrer mes propos. Il revient donc aux candidats désignés, en tout cas là où il y a des malaises, d’engager en toute humilité, des concertations inclusives afin de vider tous les malentendus et incompréhensions dans le but d’aller à ces élections en rangs serrés. Si non j’ai bien peur, si cela n’est pas fait, que nous enregistrions quelques velléités de candidatures indépendantes, malgré les injonctions de la Direction, ou simplement des votes sanctions contre les candidats du parti. Je peux me tromper mais je reste fidèle à mon franc parler car il vaut mieux prévenir que de guérir.
3) Vous êtes de plus en plus actif à Bouaflé. On vous a vu à une cérémonie de lancement des travaux au CHR de Bouaflé. Quelles sont vos motivations ? Y avez-vous des ambitions électorales ?
Je dois rappeler que je suis natif de Bouaflé. Mes parents y sont également nés. J’ai fait mon cycle primaire à l’EPP Biaka Boda et une partie du secondaire au Lycée Moderne. Mon grand père a été un compagnon de lutte du Président Houphouet Boigny et ce qui lui a valu, au milieu des années 30, cinq années et trois mois de prison à Bassam. Anyama, que je connais depuis 1969, est ma ville d’adoption. Aussi bien que j’aime Anyama, il est naturel que je porte le même amour pour Bouaflé où j’ai, par le passé, apporté beaucoup sur le plan social.
Pour exemple, je peux citer la construction du Centre de santé de Garango (commune de Bouaflé) dont j’ai été l’initiateur en 2009. Je peux également citer l’activité qui a favorisé l’électrification de plus de 20 villages dans le grand canton du grand peuple Yowlè en 2019. Récemment, je suis avec mon jeune frère Hyppolite N’guessan Kouakou, l’initiateur du revêtement, en pavés, de la cour du CHR de Bouaflé. Donc je n’ai jamais coupé avec Bouaflé. A ce jour, j’ai mis en place un mouvement citoyen dénommé MOSARCI (Mouvement de soutien aux actions républicaines Côte d’Ivoire) qui se donne pour mission de revaloriser toutes les actions républicaines dans tous les secteurs d’activités et également de soutenir toutes les actions du Président de la République et son gouvernement. Nous estimons qu’il y a beaucoup à faire dans ce domaine. Donc avec Hyppolite qui fait depuis longtemps beaucoup de social à Bouaflé, nous serons encore vus sur le terrain à Bouaflé. Après, on peut me prêter des intentions électorales. Il n y a aucun mal à cela. L’ex- Ministre de l’économie et des finances, Koné Adama, vient d’être désigné par le RHDP pour défendre les couleurs du parti aux élections régionales de 2023. Pour la petite histoire, je suis celui qui, en 2019, est parti le trouver chez lui à domicile pour lui demander de venir prendre sa place dans la vie de Bouaflé dont il est également natif. Aujourd’hui, je pense humblement que ma petite idée a fait du chemin et il est désigné pour compétir à Bouaflé. Dois-je aller le soutenir voire m’impliquer ou rester à Anyama ? Ma réponse est que Anyama et Bouaflé ont besoin de moi tout comme le Président Adama Bictogo pour Agboville et Yoppougon et comme ce fut le cas pour feu Ahmed Bakayoko pour Séguela et Abobo. Par ailleurs, a-t-on besoin de rappeler que j’ai été le Président national du parti LIDER ? J’ai donc un statut national. Et me confiner à Anyama alors qu’on a besoin de moi à Gueyo, Toulepleu, Tienougbe, Bouna, Odienné et j’en passe, n’est pas rendre service au RHDP.
4) Le Président du PPA-CI, Laurent Gbagbo était à Adzopé, dans la Mé, où il a animé un meeting. Que vous inspirent les propos tenus, notamment sur la libération des prisonniers et l’atmosphère qui a prévalu avant, pendant et après ce meeting ?
Ce qui s’est passé à Adzopé, est une autre forme du populisme prôné par l’ancien Président Laurent Gbagbo. Qui a détruit les panneaux qui annonçaient la visite de Gbagbo ? Ce sont ses supporteurs. Se victimiser et attirer le regard du monde sur sa visite dans la Mé faisaient partie de leurs stratégies que je connais très bien pour les avoir côtoyés au plus haut niveau. Cela a, quelque part, fait l’effet escompté. La preuve, toutes les presses proches du pouvoir en ont fait leurs unes. Et le camp Gbagbo s’est frotté les mains des relais faits de leur évènement sans débourser 5 francs. Nous devons nous concentrer sur la vie de notre parti en construction. Lui donner toute la dimension en fonction de la vision du Président Alassane Ouattara. Et surtout éviter les frustrations en laissant sur la touche les partis dits petits qui pourtant ont le mérite d’agrandir le cercle du RHDP avec les partis dits grands. Je le répète, l’adversaire du RHDP demeure le RHDP. Pour le discours de Gbagbo dans la Me sur les prisonniers, je préfère qu’on passe à autre chose
5) Votre mot de fin ?
Que le RHDP prenne conscience de ses forces. Mais que les acquis soient stabilisés et renforcés. Il faut éviter que la motivation change de camp à cause d’une autosatisfaction qui pourrait être contre-productive. Je souhaite me faire comprendre et que DIEU nous garde
Entretien réalisé par Aymar Dédi