
Financement du terrorisme : le FBI enquête sur des réseaux libanais en Côte d’Ivoire
Lemandatexpress – L’information est aussi discrète que stratégique : une équipe du FBI est actuellement à Abidjan. L’objectif ? Remonter la trace d’un réseau de financement suspecté de soutenir le Hezbollah libanais, via des circuits économiques bien ancrés dans la capitale ivoirienne.
Selon des révélations de Jeune Afrique, les enquêteurs américains se penchent sur des flux financiers s’élevant à plusieurs millions d’euros. Ces fonds, selon les premiers éléments, transiteraient par des réseaux d’affaires libanais implantés en Côte d’Ivoire et pourraient alimenter l’organisation chiite, classée terroriste par les États-Unis.
Cette opération d’envergure est conduite en étroite collaboration avec les services de renseignement ivoiriens et le bureau régional du FBI, basé à l’ambassade américaine de Dakar. Elle s’appuie notamment sur des informations transmises par la DGED, le renseignement extérieur marocain dirigé par Mohamed Yassine Mansouri.
Depuis la reprise du conflit entre Israël et le Hamas en octobre 2023 — et l’ouverture d’un autre front avec le Hezbollah — les services occidentaux et marocains redoublent de vigilance. L’Afrique de l’Ouest, et particulièrement la Côte d’Ivoire, est scrutée de près. Dans la communauté libanaise établie dans la région, des sympathies pro-Hezbollah existent, mais en Côte d’Ivoire, les connexions sont jugées plus marginales. Reste que l’alerte est désormais maximale.
L’équipe américaine, pilotée par Colin McGuire, directeur du FBI pour l’Afrique de l’Ouest, connaît bien le terrain. Ce dernier avait déjà collaboré avec les autorités ivoiriennes dans un dossier très sensible à l’été 2024, juste avant les Jeux olympiques de Paris. À l’époque, les forces ivoiriennes avaient intercepté un petit groupe lié à l’État islamique. Des ressortissants syriens et irakiens, soupçonnés de préparer un attentat en France, avaient été arrêtés, puis livrés au FBI sur le tarmac de l’aéroport militaire d’Abidjan.
Cet épisode avait été salué par Jessica Davis Ba, l’ambassadrice américaine à Abidjan, qui avait souligné « l’excellence de la coopération sécuritaire entre les deux pays ». Depuis plusieurs années, les ministres Téné Birahima Ouattara (Défense) et Vagondo Diomandé (Sécurité) maintiennent une vigilance constante sur les activités liées au financement de la criminalité transnationale et du terrorisme.
Mais cette fois, l’enquête s’annonce plus complexe. Car si les preuves s’accumulent, la discrétion des circuits financiers en question rend la traque délicate. Un proche du dossier le confie : « On marche sur des œufs, mais on avance. »
Aziz Krah, avec Jeune Afrique































