
Afreximbank 2025 : Des voix fortes pour une Afrique économiquement souveraine et résiliente
Lemandatexpress – La troisième journée des 32e Assemblées annuelles d’Afreximbank (AAM2025), qui se tiennent depuis le 25 juin à Abuja au Nigeria, a été marquée par une convergence de messages puissants appelant à une transformation structurelle de l’économie africaine, pour une autonomie accrue et une résilience durable du continent.
Placées sous le thème évocateur « Bâtir l’avenir sur des décennies de résilience », ces assises réunissent dirigeants, experts économiques et partenaires au développement autour d’un impératif commun : construire une Afrique capable de se suffire à elle-même économiquement, grâce à l’intégration régionale et à la valorisation de ses propres ressources.
Représentant le président Alassane Ouattara, le ministre ivoirien du Patrimoine, du Portefeuille de l’État et des Entreprises publiques, Moussa Sanogo, a souligné l’importance d’un ancrage économique plus fort à travers le commerce intra-africain. Dans une intervention remarquée, il a plaidé pour une monnaie africaine fondée sur la réalité des échanges commerciaux sur le continent. « La monnaie, c’est avant tout la réalité des échanges. Si nous avons davantage d’échanges entre Africains, nous n’aurons pas besoin d’une monnaie extérieure pour soutenir notre commerce », a-t-il déclaré.
Pour lui, la transformation locale des produits est une condition essentielle à cet objectif. Il a cité l’exemple de la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao avec un taux de transformation d’environ 40 %, et de noix de cajou (30 % transformés localement), ambitionnant une transformation à 100 % d’ici 2030.
Macky Sall, ancien président du Sénégal, a également apporté son éclairage sur les défis et les leviers du financement du développement en Afrique. Revenant sur le Plan Sénégal Émergent (PSE), il a montré comment une mobilisation stratégique des ressources avait permis de tripler les investissements prévus, notamment pour les infrastructures et l’énergie.
Cependant, il a alerté sur les conditions actuelles d’endettement des pays africains : « Les mécanismes existants ne permettent pas aux États africains de s’endetter dans des conditions favorables. Il est urgent de restructurer la dette publique multilatérale, notamment dans les secteurs clés comme l’éducation et la santé. »
Macky Sall a aussi appelé à une réforme fiscale ambitieuse et à une augmentation du capital des institutions financières africaines telles que la Banque Africaine de Développement (BAD) et Africa Finance Corporation, afin de leur donner plus de poids dans la mobilisation de capitaux sans dépendre de garanties étrangères.
Les différents messages entendus à Abuja convergent : l’heure est à l’action collective pour faire de l’Afrique un acteur économique fort, intégré, et maître de son avenir. La résilience du continent, bâtie au fil des décennies face aux crises, doit désormais se transformer en une souveraineté économique assumée.
Izou Dine avec Fratmat






























