
Après l’échange entre le RHDP et la Cap-Côte d’Ivoire, Lia Gnan Ferdinand (FPI) dénonce : « La rencontre avec le RHDP retarde encore plus les choses. Ce qui est important pour nous, c’est… »
Lemandatexpress – Dans un entretien téléphonique, le vice-président et porte-parole adjoint du FPI, Lia Gnan Ferdinand, a confié à lemandatexpress.net les raisons ayant motivé l’absence de son parti à la rencontre entre Cap-Côte d’Ivoire et le RHDP.
La plateforme de l’opposition Cap-Côte d’Ivoire a échangé, ce mercredi 16 juillet, avec une délégation du RHDP. Comment réagissez-vous à cette rencontre, présentée comme la première d’une série ?
C’est une bonne chose que les partis politiques de l’opposition puissent rencontrer les partis au pouvoir. C’est déjà une bonne initiative. C’est ce que le Front populaire ivoirien (FPI) avait fait entre 2023 et 2024.
C’est cela, le symbole du partenariat. Mais à l’heure actuelle, ce qui est important pour nous, pour la Côte d’Ivoire, pour l’opposition et pour le pouvoir, c’est une rencontre entre le gouvernement et les partis d’opposition.
En vérité, le RHDP est certes le parti dont sont issus les dirigeants actuels, mais il n’est pas, à proprement parler, le gouvernement. C’est un parti qui agit pour conserver le pouvoir, parce qu’il l’a conquis.
Mais entre les dirigeants du gouvernement et ceux du RHDP, il y a une distinction à faire. Le gouvernement n’est pas le RHDP. Or, en la matière, le RHDP ne prend pas de décisions pouvant impacter la vie de la nation. C’est le gouvernement qui le fait, même si, dans la direction du RHDP, il y a des ministres.
À l’heure actuelle, l’opposition a besoin de parler au gouvernement, et nous pensons que c’est cela qui doit primer.
Et c’est ce qui justifie l’absence du FPI à cette rencontre ?
Oui, je pense que c’est ce qui le justifie. Nous sommes à deux mois des élections, et on a l’impression que le gouvernement bloque volontairement les choses pour qu’elles n’avancent pas. La rencontre avec le RHDP retarde encore plus le processus.
Imaginez qu’on ait trois ou quatre rencontres alors qu’on est à deux mois des élections. À chaque rencontre, on se rapproche du jour du scrutin. Il faut aller vite. On doit respecter le calendrier constitutionnel. Et si ce calendrier ne devait pas être respecté, cela doit être de commun accord avec le gouvernement.
Parce que de toutes les façons, la Commission électorale indépendante prend des décisions, mais c’est le gouvernement qui doit les entériner. Donc, la discussion aujourd’hui, ce n’est pas entre les partis politiques, mais bien entre les partis politiques, y compris le RHDP, et le gouvernement de Côte d’Ivoire.
Pour nous, c’est cela qui est fondamental à l’heure actuelle. Ce n’est pas une discussion entre partis politiques, mais entre les partis politiques et l’État de Côte d’Ivoire.
L’actualité ce mercredi, c’était aussi la présentation des actes constitutifs du front commun entre le PDCI-RDA et le PPACI. Est-ce, selon vous, une réelle avancée dans l’optique d’une synergie d’action de l’opposition, ou plutôt une initiative qui affaiblit quelque peu la CAP-Côte d’Ivoire ?
Non, aucune union des partis de l’opposition ne peut affaiblir une autre organisation. La CAP est une organisation de partis de l’opposition qui poursuit pratiquement les mêmes objectifs que le PPA-CI et le PDCI, notamment dans leurs mouvements « Trop, c’est trop ».
Nous parlons de la même chose avec plusieurs voix, et c’est d’ailleurs la meilleure manière d’agir. Bien entendu, les objectifs de chaque parti politique peuvent légèrement différer, mais s’agissant des élections présidentielles, nous avons les mêmes buts. C’est ce que nous poursuivons.
Nous pensons que l’acte signé hier par le PDCI et le PPACI, dans le cadre du mouvement « Trop, c’est trop », est un plus, qui vient renforcer ce que nous avons déjà initié avec la CAP-Côte d’Ivoire.
Donc, aucune action ne peut affaiblir celle d’un autre parti tant qu’elle répond aux objectifs communs : organiser une élection inclusive, juste et transparente ; obtenir une réforme du système électoral ; empêcher un quatrième mandat du président Alassane Ouattara ; et obtenir enfin un nouveau candidat pour le RHDP. Ce sont des objectifs communs. Nous devons parler d’une même voix pour les atteindre.
Tout cela s’inscrit dans l’optique de la présidentielle. À ce propos, comment se passe la collecte des parrainages au niveau du FPI ?
On pourra dire ce qu’on veut, avec tout le mépris possible, mais le Front populaire ivoirien n’est pas étranger au parrainage. En 2020, souvenez-vous, notre candidat était bel et bien en lice pour l’élection présidentielle.
Et si nous nous sommes retirés, c’est parce que nous avons jugé que le troisième mandat du président Alassane Ouattara était de trop, injustifié, et contraire aux lois constitutionnelles en vigueur en Côte d’Ivoire.
Mais pour être candidat, il faut obtenir le parrainage d’un pour cent des électeurs dans 17 régions et districts. Nous y sommes parvenus en 2020. Nous y parviendrons en 2025, en 2030, en 2035, en 2040. Il n’y a rien de nouveau sur ce terrain.
D’ailleurs, pour nous, c’est un bon test. Cela permet à chaque candidat de connaître sa véritable représentativité avant même le début de la campagne. Il serait incompréhensible qu’un candidat ne puisse pas rassembler un pour cent de l’électorat avant de se présenter à une présidentielle.
Vous voulez dire que le parrainage, bien que critiqué par certains, a sa raison d’être…
À défaut qu’on se comprenne mal, pour le Front populaire ivoirien, le parrainage est un bon test.
Martial Galé































