
Mali, Niger, Burkina : La coopération Belge et Luxembourgeoise vacille
Lemandatexpress – Face à la dégradation sécuritaire et au refroidissement des relations diplomatiques, Bruxelles et Luxembourg réfléchissent sérieusement à un retrait progressif de leur coopération avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), composée du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Une décision encore officieuse, mais qui pourrait avoir des conséquences importantes dans des secteurs clés comme l’agriculture, l’éducation et le développement du secteur privé.
Les discussions en cours concernent notamment l’Agence belge de coopération Enabel, la Société belge d’investissement pour les pays en développement (BIO) et l’Agence luxembourgeoise LuxDev. Selon des sources concordantes, un désengagement pourrait intervenir dès le dernier trimestre 2025. En ligne de mire : les risques sécuritaires persistants, mais aussi la rupture politique entre les régimes de l’AES et les partenaires occidentaux.
Au-delà des pays membres de l’AES, le Luxembourg envisage également de réévaluer sa coopération avec le Sénégal, bien que ce dernier ne soit pas confronté aux mêmes tensions. À ce stade, aucune des agences contactées par Jeune Afrique n’a souhaité commenter.
Des financements encore en suspens
Si aucun retrait n’a encore été formellement acté, l’impact potentiel d’un désengagement inquiète. La Belgique, tout en affirmant sa volonté de préserver les projets en cours, évoque des « contraintes budgétaires » et une « réflexion stratégique globale » sur sa politique de coopération. Elle rappelle néanmoins son attachement aux partenariats dans le Sahel, qu’elle souhaite « solidaires, durables et respectueux des priorités locales ».
À travers BIO, la Belgique cumule selon Jeune Afrique, 70 millions d’euros d’engagements dans le secteur privé des pays de l’AES. Parmi les bénéficiaires figurent la société de mésofinance Cofina Mali (3 millions d’euros en 2021), la société burkinabè Agroserv (3 millions en 2022), ou encore le fonds Afrigreen (10 millions en 2023) et la plateforme Renewable Energy Performance (20 millions en 2024).
De son côté, Enabel pilotait depuis 2024 une initiative régionale visant à renforcer l’inclusion et la résilience des populations vulnérables affectées par la crise migratoire au Sahel. La signature du programme est prévue pour 2025, mais reste incertaine.
LuxDev, quant à elle, a réduit ses engagements. En effet, en 2024, l’agence n’a investi que 7,8 millions d’euros au Mali son niveau le plus bas depuis 2015, et 15,9 millions au Burkina Faso, essentiellement dans les domaines agricole et éducatif. Au Niger, le Luxembourg avait suspendu sa coopération dès juillet 2023, en réaction au coup d’État du général Tiani, après avoir injecté plus de 20 millions d’euros par an entre 2017 et 2022.
Abran S. Avec Jeune Afrique






























