
Présidentielle en Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara, les dessous d’une candidature qui continue de faire des vagues
Lemandatexpress – La candidature annoncée d’Alassane Ouattara à la présidentielle d’octobre reste au centre des préoccupations nationales. Contestée par l’opposition mais adoubée par la majorité, cette nouvelle course au Palais présidentiel livre, enfin, tous ses secrets, selon les révélations de Jeune Afrique.
Le 26 juillet dernier, dans une allocution télévisée sobre mais solennelle, le chef de l’État a levé le voile sur une décision qui aura tenu la classe politique en haleine pendant plusieurs mois : il sera bel et bien candidat à un quatrième mandat. « Face à des défis sécuritaires, économiques et monétaires sans précédent, dont la gestion exige de l’expérience », a expliqué Alassane Ouattara, enregistrant son message quelques instants avant sa diffusion.
Une annonce qui, malgré son caractère officiel, n’a guère surpris en Côte d’Ivoire. Dès janvier, le président – en poste depuis 2011 – s’était dit « en pleine santé et désireux de continuer de servir [son] pays ». Derrière lui, le RHDP se mobilisait déjà comme un seul homme, le désignant comme son « candidat naturel ». Seule la date, soigneusement choisie, aura pris tout le monde de court. De quoi renforcer sa réputation de « maître des horloges », lui qui, en douze années de pouvoir, a souvent pris de court ses adversaires et même ses proches, rappelle le Jeune Afrique.
Des interrogations jusqu’au bout
À 83 ans, ce nouveau défi soulève naturellement des questions. On sait que le chef de l’État a pourtant longuement hésité. “Comment justifier ce nouveau départ après avoir promis, en 2020, de passer la main à une nouvelle génération ? Comment expliquer ce revirement sans apparaître comme l’un de ces dirigeants africains qui s’accrochent au pouvoir ?”, s’interroge JA affirmant que que c’est en juillet, dans sa résidence de Mougins, dans le sud de la France, aux côtés de son épouse Dominique, qu’il a consolidé ses arguments.
Au nombre desquels, la situation sécuritaire explosive dans la sous-région – du Mali au Niger en passant par le Burkina Faso –, et la réforme monétaire du franc CFA demeure inachevée. « Les années passées à la tête de notre pays m’ont fait comprendre que le devoir peut parfois transcender la parole donnée de bonne foi », a-t-il justifié.
Un intime confie, selon JA: « Je crois qu’il a eu une réelle hésitation en raison de son âge et de sa condition physique. Il se trouve qu’il est en meilleure forme qu’auparavant et que cela a pesé. La faiblesse de cet argument est que cela peut changer très vite. »
En 2020, son retrait semblait sincère. Alassane Ouattara avait alors désigné son fidèle compagnon de route, Amadou Gon Coulibaly, comme dauphin. Mais la disparition brutale de ce dernier, quatre mois avant le scrutin, l’avait contraint à revenir sur sa décision.
Stabilité et continuité
Depuis, les crises n’ont cessé de rappeler l’importance d’un leadership fort. Deux attaques jihadistes meurtrières dans le nord, la chute de ses alliés Roch Marc Christian Kaboré et Mohamed Bazoum, l’affaire des 49 soldats ivoiriens emprisonnés à Bamako… Autant d’épisodes qui ont renforcé sa conviction : la Côte d’Ivoire ne peut se permettre une transition incertaine.
« Le parti, c’est vraiment lui », glisse un ministre, cité par le média panafricain. Car au-delà des grands équilibres géopolitiques, l’homme reste le ciment du RHDP. Si, un temps, l’idée d’une « demi-douzaine de candidats » a été évoquée, aucun n’a finalement émergé pour incarner une succession crédible. Même Tiémoko Meyliet Koné, son vice-président, n’a jamais semblé intéressé par le jeu politique.
Si Alassane Ouattara a promis que ce nouveau mandat sera celui de la « transmission générationnelle », la question de l’heritage reste entière tant la mission est lourde.
Un boulevard électoral
Jeune Afrique rappelle l’ambiance dans le camp présidentiel, suite à l’annonce de cette candidature. Ce fut un véritable soulagement. En témoigne une vidéo, diffusée après son allocution, montrant une dizaine de ministres exultant de joie et se tombant dans les bras. Dès mai 2024, la machine RHDP s’était mise en branle, multipliant hommages et mobilisations à travers le pays.
Face à lui, l’opposition apparaît désarmée. Laurent Gbagbo, revenu en 2021, reste inéligible et a perdu de sa capacité de mobilisation. Henri Konan Bédié est décédé en août 2023, remplacé au PDCI par Tidjane Thiam, lui aussi déclaré inéligible. Charles Blé Goudé et Simone Ehivet Gbagbo, eux, ont choisi la voie du dialogue avec le pouvoir.
A,,, insi, sauf surprise, le scrutin du 25 octobre s’annonce comme une formalité pour Alassane Ouattara. Le vrai test interviendra peut-être après, lors des législatives, où se jouera l’avenir du paysage politique ivoirien.
M.Galé, avec JA































