
Secteur éducation-formation : le ministre Adama Diawara alerte sur le déficit d’enseignants en Mathématiques et en Physique
Lemandatexpress – Invité spécial de la réunion de rentrée du ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, qui s’est tenue lundi 1er septembre au Lycée Classique d’Abidjan, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Pr Adama Diawara, a tiré la sonnette d’alarme sur le déficit croissant d’enseignants dans les disciplines scientifiques, notamment en Mathématiques et en Physique-Chimie.
« Le développement d’un pays repose sur son système éducation-formation-recherche », a rappelé le ministre, qui prononçait une conférence sur le thème : “Education, sciences et développement”. Il ensuite présenté des chiffres relatifs au corps enseignant dans les matières scientifiques.
Pour les Mathématiques, le déficit en Côte d’Ivoire est de 417 enseignants au lycée et de 1.036 enseignants au collège. Pour la Physique-Chimie, il est de 325 enseignants au lycée et de 633 enseignants au collège. La situation n’est guère meilleure dans l’enseignement supérieur : alors les docteurs abondent en Lettres, Philosophie ou Histoire, les universités peinent à recruter en sciences fondamentales. En 2024, sur 34 postes ouverts en Mathématiques, seuls 4 candidats se sont présentés. En Physique, ils n’étaient que 7 pour 35 postes, a précisé le conférencier.
Les causes du désintérêt
Selon Pr Diawara, cette pénurie trouve son origine dans « l’insuffisance du vivier » alimentant la formation des enseignants, liée elle-même au désintérêt croissant des élèves et étudiants pour les disciplines scientifiques.
À l’en croire, ce désintérêt s’explique par plusieurs facteurs : la difficulté d’apprentissage et parfois la « peur » de ces matières, aggravée par des méthodes pédagogiques jugées inefficaces ; des évaluations perçues comme trop sévères ; des programmes jugés incohérents entre secondaire et supérieur ; le manque d’investissement personnel des apprenants ; et surtout, l’attrait d’autres filières offrant des carrières plus rémunératrices et moins contraignantes.
Pour le ministre, les statistiques parlent d’elles-mêmes : en 2025, seulement 2.293 candidats ont obtenu le baccalauréat C (Mathématiques et sciences physiques), soit 1,7 % de l’ensemble des admis. « En 2024, à peine 2,4 % des étudiants ivoiriens étaient inscrits en Mathématiques ou en Physique », a-t-il déploré.
Des solutions à court et moyen terme
Pour combler le déficit, le gouvernement a décidé de procéder à un recrutement exceptionnel d’enseignants contractuels dans le secondaire, tout en maintenant un rythme soutenu de formation à l’ENS et de recrutement dans le supérieur.
Mais le ministre Diawara estime que seule une stratégie globale permettra de résoudre ce problème structurel. Parmi les mesures envisagées figurent : le renforcement de la formation initiale et continue des enseignants ; un enseignement plus pratique et attractif des sciences ; un assouplissement des évaluations, sans en diminuer le niveau; une meilleure cohérence des programmes entre secondaire et supérieur ; et des incitations financières, telles que des bonus salariaux pour les enseignants de Mathématiques et de Physique.
Côté étudiants, des mesures incitatives sont également prévues : assouplissement des critères d’accès aux filières scientifiques, cours de mise à niveau, tutorat, discriminations positives pour les bourses et les logements.
Une urgence nationale
En somme, le déficit d’enseignants en Mathématiques et en Physique-chimie, constitue aux yeux du Pr Diawara, un frein majeur au développement du système éducatif et, par ricochet, de la Côte d’Ivoire. Aussi, tout en saluant les efforts déjà engagés, il appelle à un sursaut collectif pour redonner aux sciences fondamentales l’attrait qu’elles méritent.
Martial Galé





























