
Présidentielle 2025 – Avant la délibération du Conseil constitutionnel : les Ivoiriens à l’épreuve de la paix et du vivre-ensemble…
Lemandatexpress – Appelés par les Ivoiriens dans leur diversité, la paix et le vivre-ensemble restent à traduire en actes alors que se profile la délibération du Conseil constitutionnel sur les candidatures à la présidentielle 2025.
En Côte d’Ivoire, tout le monde ne jure que par des élections apaisées. Personne ne souhaite une escalade de la violence à l’occasion de la présidentielle. À défaut de joindre l’acte à la parole, ces volontés ne resteront que des vœux pieux au moment crucial.
Dans moins de deux mois (25 octobre), les Ivoiriens seront appelés aux urnes pour élire leur nouveau président. Dans cette optique, la CEI a enregistré 60 candidatures provisoires. Telle une chape de plomb, la responsabilité repose désormais sur les épaules de Chantal Camara et du Conseil constitutionnel, qui ont jusqu’au 10 septembre pour délibérer.
Vu les attentes qu’elle suscite, en raison notamment des revendications de l’opposition, cette échéance marque un tournant décisif. Un baromètre de la capacité des Ivoiriens à privilégier l’intérêt national pour préserver la paix et le vivre-ensemble.
Depuis quelques jours, le ton monte. À la suite du PPA-CI, qui a agité le recours à des moyens légaux et pacifiques pour exiger la candidature de Gbagbo et réfuter celle du président Ouattara, les femmes du Front commun sont montées au créneau vendredi. Elles ont adressé des messages aux différentes parties prenantes, insistant sur la garantie d’un scrutin inclusif et apaisé. Sous-entendu que tous les leaders d’opposition – Gbagbo, Thiam – doivent être candidats.
Cadre du PPA-CI, Odette Lorougnon s’est adressée, dans la foulée, à la présidente du Conseil constitutionnel, Chantal Nanaba Camara, affirmant que la Côte d’Ivoire est entre ses mains. « Elle est femme comme nous », a-t-elle ajouté.
Mme Lorougnon a poursuivi en déclarant que c’est le rôle des femmes qui reste. « Chers Ivoiriens, religieux, on doit se lever. On doit se mobiliser. Quand on quitte ici, marchons en front commun pour dire non à M. Ouattara ».
Que renferme ce mot d’ordre dans un contexte électoral dominé par le spectre de 2010-2011 ? L’opposition, dans son droit régalien de revendiquer, doit-elle sacrifier la paix sur l’autel d’une candidature ?
L’histoire récente de la Côte d’Ivoire rappelle le sens profond de la paix. La crise post-électorale de 2010-2011 a occasionné 3 000 morts. Une page sombre dont les cicatrices béantes continuent de hanter les familles.
Par conséquent, au plus fort de la contestation d’un nouveau mandat du président Ouattara, considéré comme inconstitutionnel, couplée à la revendication des candidatures de Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, les Ivoiriens devraient réfléchir par deux fois avant de s’engager dans un mouvement de belligérance.
En effet, comme le disait Charles Gnahoré, cadre RHDP, mercredi dernier au Plateau, les premières victimes des révolutions politiques ne sont pas les responsables des partis et mouvements politiques, mais les jeunes filles et garçons aux t-shirts brandés, plongeant leurs familles dans une douleur viscérale.
Au regard de cette expérience, une dame d’un certain âge prévient, avec force : « Si mon enfant se fait casser le pied gauche dans une affaire de politique, je lui casse le pied droit ». Telle est l’expression d’une opposition farouche à tout mouvement pouvant dériver en violence, mettant en mal la paix et le vivre-ensemble.
En définitive, il convient de rappeler que plus qu’un simple slogan, la paix est le bien commun le plus précieux des Ivoiriens. À l’heure où le Conseil constitutionnel s’apprête à rendre sa décision, chacun doit se souvenir que les urnes ne valent pas le sang d’un seul citoyen. La vraie victoire, en 2025, ne sera pas seulement celle d’un candidat, mais celle d’une nation capable de préserver son unité.
Martial Galé






























