
Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : Entre Tidjane Thiam et le pouvoir, la bataille du lobbying international bat son plein
Lemandatexpress – Alors que la présidentielle d’octobre 2025 approche à grands pas, la Côte d’Ivoire vit une compétition acharnée… loin des urnes. Dans les coulisses, à Washington et dans les grandes capitales, une véritable guerre de lobbying oppose Tidjane Thiam, chef du PDCI-RDA, à l’establishment au pouvoir à Abidjan.
Les deux camps multiplient les contrats avec des cabinets d’influence américains pour peser sur les perceptions internationales et sur le processus électoral.
Thiam refuse de baisser les bras après son recalage
Écarté de la course présidentielle par le Conseil constitutionnel pour défaut d’inscription sur les listes électorales, Tidjane Thiam n’a pas dit son dernier mot. Selon Jeune Afrique, l’ex-patron de Crédit Suisse a signé pour 290.000 dollars de contrats avec GlobalPoint International et Earhart Turner LLC. Ces partenariats couvrent le conseil stratégique, le lobbying auprès du Congrès américain et de l’administration Trump, ainsi que la gestion des relations avec les grands médias. Sa récente campagne « Free and Fair Côte d’Ivoire » (« Promouvoir une Côte d’Ivoire démocratique ») s’inscrit dans cette stratégie d’influence, de même que la publication d’articles sur Bloomberg et Reuters.
Le 15 septembre, Thiam a d’ailleurs été reçu par William B. Steven, sous-secrétaire adjoint pour l’Afrique de l’Ouest au Bureau des affaires africaines, preuve que ses démarches trouvent un écho.
C’est fort de ces influences que Doumala Bredoumy, depuis New York, a invité les militants à la sérénité et à garder leur confiance à Tidjane Thiam. Assurant qu’ils (le PDCI-RDA) participeront aux élections.
Abidjan renforce également son offensive diplomatique
Le gouvernement ivoirien n’est pas en reste. Soucieux de présenter une image stable et d’assurer un scrutin apaisé, Abidjan a confié sa communication à deux cabinets influents : ArentFox Schiff LLP (180.000 dollars sur six mois) et Scribe Strategies & Advisors (300.000 dollars). Selon Jeune Afrique, le contrat signé par Adama Coulibaly, ministre de l’Économie et des Finances, prévoit la création d’un « Caucus Côte d’Ivoire » au Congrès américain et une visite d’une délégation parlementaire américaine à Abidjan.
Une tradition bien ancrée dans la politique ivoirienne
Le recours aux lobbyistes américains n’est pas nouveau en Côte d’Ivoire. En 2007, Alassane Ouattara, alors leader du RDR, s’était déjà attaché les services de LTD Stratégies pour « renforcer la démocratie et le développement économique ». Trois ans plus tard, en 2010, le gouvernement ivoirien avait mandaté Waterman International pour représenter officiellement le pays à Washington.
Même Laurent Gbagbo, au pouvoir de 2000 à 2011, avait utilisé ces méthodes, rappelle JA. Après Linas-Marcoussis en 2003, il avait confié sa communication à Government Strategies LLC pour plaider sa cause auprès de l’administration Bush et du Congrès.
À quelques semaines du scrutin (25 octobre), cette bataille d’influence à l’étranger montre à quel point la présidentielle ivoirienne dépasse les frontières nationales. Les regards se tournent vers Washington et les médias internationaux, où se joue aussi une partie du destin politique ivoirien. Reste à savoir si ces efforts de lobbying pèseront réellement sur le climat électoral et les rapports de force internes.
Martial Galé































