
PDCI en turbulence : Tidjane Thiam campe sur sa stratégie de la chaise vide
Lemandatexpress – À un mois du premier tour de la présidentielle d’octobre, l’ancien parti unique, miné par les tensions internes, est de nouveau secoué par des départs.
Le 11 septembre, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) a officialisé l’adhésion d’une nouvelle militante venue du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Un ralliement symbolique qui, à moins de deux mois du scrutin présidentiel, illustre les difficultés de la principale formation d’opposition.
Le départ de Linda Diplo
Après trente-cinq années passées au PDCI, Linda Diplo, notaire et ancienne déléguée de Grand-Bassam, a annoncé sa démission pour rejoindre le camp présidentiel. Candidate malheureuse aux dernières municipales, elle affirme que la ligne actuelle du PDCI « ne correspond plus » à ses convictions.
Si son influence reste limitée, son choix traduit une crise de confiance croissante au sein du parti fondé par Félix Houphouët-Boigny. Plusieurs élus et cadres, frustrés par l’orientation prise depuis l’élection de Tidjane Thiam à la tête du parti en décembre 2023, auraient déjà déposé des demandes d’adhésion au RHDP, selon Jeune Afrique.
Une stratégie de la chaise vide contestée
Radié des listes électorales pour des raisons de nationalité, Tidjane Thiam ne pourra pas se présenter au scrutin du 25 octobre. Tout comme le PPA-CI de Laurent, le petit fils de Houphouët-Boigny a choisi la stratégie de la chaise vide, refusant de désigner un autre candidat. Un choix jugé «suicidaire» par certains militants regroupés dans une nouvelle initiative baptisée « Réconciliation et sauvegarde du PDCI-RDA ».
« Après les absences de 2000, 2015 et 2020, manquer encore la présidentielle serait un coup fatal », estiment ces frondeurs, qui dénoncent l’« absence de vision » de la direction actuelle.
En même temps, il faut dire que le PDCI n’en est pas à sa première crise. En 2018 déjà, la rupture du RHDP avait provoqué un exode massif de cadres. En 2020, la stratégie du boycott avait laissé des traces. Plus récemment, en 2023, plusieurs poids lourds avaient quitté le navire, dont Narcisse N’Dri, ancien directeur de cabinet d’Henri Konan Bédié.
Tidjane Thiam, qui avait promis de mettre fin à l’hémorragie, doit aujourd’hui faire face à de nouvelles turbulences.
Installé entre Paris et Washington depuis plusieurs mois, Thiam justifie son absence du pays par des « risques sécuritaires et administratifs ». Depuis la capitale américaine, il affirme pourtant que le PDCI se porte bien. « En seulement dix-huit mois, le parti a complètement changé son image. La vitalité que vous voyez aujourd’hui est remarquable », a-t-il déclaré.
« Notre combat est un combat pour une Côte d’Ivoire démocratique. C’est de cela qu’il s’agit. Certaines personnes ne comprennent pas les enjeux et sont dans des projets personnels. C’est une bonne chose qu’ils se déterminent clairement. L’âme, les valeurs et les combats du PDCI, eux, ne changent pas », soutient également Simon Doho, président du groupe parlementaire du PDCI.
Mais cette communication à distance agace une partie de la base. « Notre parti est devenu un parti de vidéos sur Facebook et de communiqués sur WhatsApp, c’est navrant », s’indigne un membre du bureau politique.
La carte Billon ?
Dans ce contexte, certains cadres se tournent vers Jean-Louis Billon. Sanctionné par Thiam pour avoir osé présenter sa candidature à la présidentielle, le député, proche de Maurice Kakou Guikahué, pourrait bénéficier d’un ralliement inattendu. À en croire Jeune Afrique, des discussions seraient déjà en cours pour en faire un plan B, alors que le parti s’enfonce dans l’incertitude.
Abran Saliho






























