
Législatives 2025 : les partis de l’opposition face au défi de la redoutable machine électorale du RHDP
Lemandatexpress.net – Passée la présidentielle d’octobre et ses multiples tribulations, place désormais aux législatives. À ce jeu, l’opposition ivoirienne joue gros. Elle doit prouver sa capacité à dominer le Parlement pour contrebalancer efficacement le RHDP. Mais comment y parvenir ?
La scène politique ivoirienne s’apprête à revivre un remake de 2021. Dans la foulée d’une présidentielle qu’elle a vivement contestée, l’opposition significative – notamment le PPA-CI et le PDCI-RDA – se prépare à descendre dans l’arène des législatives. Pas question, cette fois, de pratiquer la politique de l’autruche au risque de subir passivement la loi du pouvoir en place.
Le 27 décembre prochain s’annonce comme une étape clé vers l’alternance tant souhaitée par l’opposition. Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, voit dans cette joute parlementaire l’occasion de franchir un cap avec son « séduisant programme de société ». Invitant les militants à se mobiliser, il a insisté sur l’urgence du changement.
« Nous devons encourager nos compatriotes, dans nos quartiers, nos campements et nos villages, à voter pour le PDCI afin que ce programme ambitieux, mais réaliste, soit mis en œuvre dès 2026 – pas en 2030. Nous n’avons pas le temps », a rappelé l’ancien banquier dans sa lettre aux militants datée du 31 octobre.
Gbagbo : « Aller aux élections, même avec les fraudes, c’est mieux que ne pas y aller »
Comme le PDCI-RDA, le PPA-CI ne devrait pas non plus se soustraire à la compétition électorale. Pour Laurent Gbagbo, c’est une nécessité stratégique :
« Pour un parti, aller aux élections même avec les fraudes est mieux que ne pas y aller à cause des fraudes. C’est en participant que nous combattrons efficacement les fraudes », déclarait-il en août 2023, à la veille des élections locales.
Certes, aucun mot d’ordre officiel n’a encore été donné par le leader du PPA-CI concernant le scrutin du 27 décembre. Mais la présence, lundi dernier, du professeur Hubert Oulaye au siège du PDCI-RDA à Cocody, en dit long sur la volonté du parti de rompre avec la politique de la chaise vide.
Vers une stratégie commune du Front commun
Les deux alliés du Front commun envisageraient une stratégie de candidatures concertées, à l’image des précédents scrutins. En 2021, le grand retour du FPI tendance Gbagbo (les GOR) dans le jeu démocratique s’était fait dans le cadre de l’alliance PDCI-RDA–EDS (Ensemble pour la démocratie et la souveraineté). Rebelote en 2023, à l’occasion des élections locales.
Mais à chaque fois, les résultats ont été en deçà des attentes : l’Assemblée nationale reste dominée par le RHDP et ses 157 députés, loin devant le PDCI-RDA (64) et le PPA-CI (18).
Une bataille à forts enjeux
Dans un contexte de fortes tensions marqué par la non-participation des leaders des deux partis à la présidentielle, les législatives s’annoncent cruciales. Pour le PPA-CI et le PDCI-RDA, il s’agit de prouver la majorité sociologique qu’ils revendiquent à cor et à cri.
« Aujourd’hui, le défi pour l’opposition, c’est d’aller aux élections pour obtenir sinon la majorité, du moins une très bonne minorité, capable d’exercer un contre-pouvoir face au RHDP », analyse Geoffroy Julien Kouao.
L’analyste politique ivoirien estime qu’au regard du taux de participation moyen de 50,10 % à la présidentielle, il reste près de 4 millions d’électeurs à conquérir. Mais cette mobilisation ne sera pas automatique.
« L’opposition peut le faire, à condition de changer de narratif : il faut dire clairement aux électeurs que l’opposition au pouvoir du RHDP se jouera désormais au Parlement », explique-t-il.
Le RHDP en ordre de bataille
Plus que jamais, la victoire de l’opposition dépendra de sa capacité à se réinventer. Car la compétition s’annonce rude. Le RHDP, parti au pouvoir, entend consolider le dernier mandat d’Alassane Ouattara par une majorité écrasante à l’Assemblée nationale. Dans cette optique, plus de 600 dossiers de candidature ont été déposés à la direction du parti.
Geoffroy Julien Kouao insiste : « Pour l’opposition, il ne s’agit plus de changer de personnes, mais de méthode et de discours. C’est à ce prix qu’elle pourra renaître de ses cendres face à la redoutable machine politique du RHDP. »
RHDP : entre ambitions et frustrations
Reste que le casting du RHDP pourrait aussi jouer en faveur de ses adversaires. En pleine phase de renouvellement générationnel, le parti houphouëtiste connaît des tensions internes. Les ambitions se heurtent, et certains candidats écartés pourraient se présenter en indépendants, ouvrant des brèches que l’opposition pourrait exploiter.
En 2021, le scrutin avait enregistré plus de 1 500 candidats. On devrait repartir sur des chiffres similaires en 2025, surtout si le PPA-CI et le PDCI-RDA déploient le maximum de représentants pour contrer l’hégémonie du RHDP.
Martial Galé






























