
PDCI- RDA: La descente aux enfers de Thiam?
Lemandatexpress – On a vanté les mérites d’un homme qui, politiquement, n’a jamais véritablement enfourché la monture. Depuis son élection à la tête du parti – élection d’ailleurs contestée par certains cadres – Tidjane Thiam aurait dû se remettre en question et s’atteler à résoudre au plus vite les nombreux problèmes qui minaient sa formation. Hélas, il ne l’a pas fait. Sur quoi comptait-il donc ?
Dès son élection, l’ancien patron du Crédit Suisse a préféré s’entourer de certains cadres du parti avec peu d’expérience sur le terrain, au détriment de quelques dinosaures comme Maurice Kakou Guikahué, qui a assuré avec brio le poste de secrétaire exécutif du parti pendant plus d’une décennie. Un rôle crucial pour le fonctionnement opérationnel d’un parti.
À sa place, c’est le Dr Émou Sylvestre, maire de la commune de Port-Bouët (remplacé), qui a été nommé secrétaire exécutif en chef du parti, un poste qu’il assumait difficilement jusqu’à ce qu’il soit éjecté.
Autre faute politique majeure : Thiam a délaissé ses militants pour s’exiler lui-même. Le nouveau « Houpouët-Boigny » n’a cessé de multiplier les rendez-vous manqués. Absent au premier Bureau politique du 3 mars, puis le 4 avril 2025 à Yamoussoukro ; absent encore à la convention du 17 avril, alors qu’il se désignait candidat du Pdci à la présidentielle. Ensuite, il a brillé par son absence aux plus récents bureaux politiques et congrès convoqués précipitamment pour le réélire à la régularité.
Voilà un dirigeant qui espère qu’on lui déroule le tapis rouge pour accéder au pouvoir, pendant que ses pairs bravent, eux, la pluie, le soleil et se donnent une vie politique ivoirienne tumultueuse.
Lors du meeting de l’opposition en mai 2025 à la place Ficgayo de Yopougon, il a laissé Simone Gbagbo, Affi N’Guessan, Charles Blé Goudé et d’autres figures de l’opposition sous la bâche, clamant ou prêchant ferme, comme pour leur dire : « Tapez-vous le cambouis. Moi, je viendrai quand tout sera mis sans sourciller. »
Après avoir appelé les jeunes à « libérer le pays en descendant dans la rue », comme si la Côte d’Ivoire était entre les mains de braconniers – Thiam s’est ensuite exilé, invoquant une « incapacité physique » faisant allusion au Saint-Esprit. Une apparition pour le moins surprenante, intervenue le jour même de la mort tragique d’un gendarme à Issia.
Conséquences : plusieurs jeunes militants du Pdci ont été arrêtés et incarcérés au Pôle pénitentiaire d’Abidjan (PPA, ex-Maca). Ils vivent aujourd’hui une double peine : la prison et l’abandon.
C’est l’avocat Me Ange Rodrigue Dadjé qui a tiré la sonnette d’alarme le mardi 28 octobre 2025 à travers un message poignant publié sur sa page Facebook :
« Je suis revenu du PPA (ex-Maca) complètement triste : tous ces jeunes à qui le Front populaire ivoirien a demandé de descendre dans les rues sont abandonnés à leur sort, sans soutien, et plus grave, sans avocat pour les défendre et les ramener devant le tribunal. Beaucoup se font condamner. Trop triste. »
Des propos qui en disent long sur la détresse de ces jeunes militants, livrés à eux-mêmes après avoir répondu à l’appel de leurs leaders politiques.
Thiam peut faire l’objet de poursuites judiciaires
Autre épisode embarrassant : la divulgation, par Thiam, sur les réseaux sociaux, d’une correspondance confidentielle émanant du Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme. Kobenan Kouassi Adjoumani, porte-parole principal du Rhdp, a réagi lors des « Rendez-vous du Rhdp » du 25 août 2025, en dénonçant une infraction grave : « Ce que Thiam a fait s’apparente à la divulgation de correspondance, une infraction sérieuse sanctionnée par la loi. J’ai le sentiment que mon frère Thiam, que j’estime, ne se comporte pas comme un véritable homme d’État », déclarait-il.
Sur le plan stratégique, le leader du Pdci accumule les erreurs. Sa réaction après avoir décidé que son parti ne participerait aux législatives de 2025 a été vécue difficilement par les animateurs du Front démocratique. Ces derniers, qui avaient suivi à la lettre tous les mots d’ordre du parti en matière de boycott – une autre manifestation orchestrée contre le président Alassane Ouattara – manifestations qui ont entraîné l’arrestation de plusieurs militants – ne se reconnaissent plus dans cette coalition. Ils voient en Thiam un traître, un homme incohérent.
Pris aujourd’hui dans une tempête sans précédent, pour avoir berné ses militants, le Pdci se noie dans son propre climat de défiance. Et si les choses restent telles, les lendemains de ce parti s’annoncent encore plus sombres pour avoir préféré le maquillage au réalisme.
Source : L’expression






























