
Trump redessine les règles commerciales: L’Afrique entre allégement tarifaire et sanctions douanières
Lemandatexpress – Le 1er août 2025 a marqué un tournant décisif dans les relations économiques entre les États-Unis et l’Afrique. En fixant cette date comme échéance ultime pour les négociations sur les droits de douane, l’administration Trump a tranché : 22 pays africains verront leurs exportations vers les États-Unis lourdement taxées à partir du 7 août.
Ce durcissement tarifaire s’inscrit dans une politique plus large de refonte unilatérale du commerce mondial menée par Donald Trump. « L’Afrique s’est réveillée ce 1er août frappée par un nouvel ensemble de règles économiques arbitraires », écrit Jeune Afrique, qui a consulté le décret présidentiel publié par la Maison-Blanche.
Des hausses ciblées, des baisses accordées
Selon Jeune Afrique, les nouveaux droits de douane imposés par Washington varient entre 10 % et 30 %, selon que les pays aient ou non réussi à conclure un nouvel accord bilatéral avec les États-Unis. Ceux qui n’ont pas négocié se voient imposer un tarif forfaitaire de 10 %.
Parmi les pays les plus durement touchés figurent le Cameroun, le Ghana, le Nigeria ou encore la République démocratique du Congo (RDC). Le Ghana, par exemple, voit ses droits passer de 10 % à 15 %, en raison d’un contentieux autour de dettes impayées envers des entreprises américaines.
La Côte d’Ivoire, bon élève
Bonne nouvelle en revanche pour la Côte d’Ivoire. Le pays, considéré comme un partenaire stratégique par l’administration Trump, bénéficie d’une réduction de six points : les droits de douane appliqués à ses produits passent de 21 % à 15 %. D’autres pays d’Afrique australe – l’Angola, la Namibie, le Mozambique, le Botswana – voient également leurs tarifs baisser.
« Certains partenaires commerciaux étrangers […] sont sur le point de conclure des accords commerciaux et de sécurité significatifs avec les États-Unis », précise Donald Trump dans son décret cité par Jeune Afrique. Ces pays bénéficient donc de mesures tarifaires transitoires dans l’attente d’accords définitifs.
Les grands perdants
À l’inverse, sept pays se retrouvent dans une situation plus défavorable qu’auparavant. Le Cameroun, le Tchad, la RDC, la Guinée équatoriale, le Ghana, le Nigeria et l’Ouganda voient leurs tarifs augmenter par rapport aux niveaux d’avril dernier, selon les données compilées par Jeune Afrique.
L’Ouganda, malgré sa volonté affichée de se rapprocher des milieux trumpistes – en témoigne une rencontre entre son ambassadeur Robie Kakonge et Michael Flynn, ancien conseiller à la sécurité nationale de Trump – n’a pas échappé au couperet : le pays est désormais soumis à un tarif de 15 %, contre 10 % auparavant.
Par ailleurs, l’administration Trump justifie ces sanctions douanières par « l’absence persistante de réciprocité » dans les échanges commerciaux avec certains pays africains, et par la présence de « barrières non tarifaires » qui nuiraient aux exportations américaines, à la base manufacturière nationale et à la sécurité économique du pays.
Mais pour de nombreux observateurs cités par Jeune Afrique, cette stratégie vise aussi à récompenser les alliés de Washington, tout en sanctionnant ceux qui ne s’alignent pas sur les positions diplomatiques ou commerciales des États-Unis.
Le cas emblématique du Lesotho
Symbole de cette politique à double vitesse : le Lesotho, petit pays d’Afrique australe, qui voit ses tarifs baisser de 50 % à 15 %, mais trop tard. « L’annonce faite par Trump en avril a déjà décimé l’industrie textile du petit Lesotho », rapporte Jeune Afrique, évoquant la déclaration de catastrophe naturelle faite par les autorités locales en raison du chômage massif et des pertes d’emplois causés par les incertitudes commerciales.
Abran Saliho avec Jeune Afrique































