
L’abstentionnisme, seule stratégie politique restante pour Guillaume Soro?
Lemandatexpress – Fragilisé par des dissolutions, des condamnations judiciaires et des défections, le mouvement de l’exilé Guillaume Soro mise tout sur le boycott des élections. Une position de principe présentée comme une marque de cohérence, mais qui interroge sur sa capacité réelle à peser dans le jeu politique ivoirien.
En exil depuis 2019, Guillaume Soro, ancien président de l’Assemblée nationale, président de Générations et peuples solidaires (Gps, dissous par la justice ivoirienne, le 23 juin 2021), garde un contact étroit avec ses partisans en Côte d’Ivoire. Après avoir fait le choix de boycotter l’élection présidentielle d’octobre 2025, l’ex-député de Ferké souhaite que ses lieutenants se tiennent à l’écart des élections législatives du 27 décembre prochain.
Il a donné des instructions, dans ce sens, à ses partisans, a confié à L’inter, Hugues Lago, membre de la Commission d’orientation et de coordination (Coc) de Gps. L’ex-Premier ministre a défendu à ses proches de participer au scrutin de décembre. La logique de Guillaume Soro, avec ses partisans, est la suivante ; ils ne reconnaissent pas « le 4e mandat » du président Alassane Ouattara et ne comptent pas se rendre aux élections des députés qui suivront la présidentielle du 25 octobre. « Notre position est claire. On dit qu’on ne reconnaît pas le 4e mandat, on ne reconnaît pas tout ce qui s’est fait. On estime qu’il n’y a pas eu d’élection présidentielle… Donc, de ce fait, nous, on ne prendra pas part aux élections législatives.
Les choses sont très claires à ce sujet. Le cadre restreint de Gps a produit un communiqué, dans ce sens, à la suite d’une réunion. Il a été dit que nous ne reconnaissons pas tout ce qui a été fait. Donc, on n’ira pas aux élections législatives », a dit Hugues Lago, président du défunt Congrès national des soroïstes (Cnds), aussi coordonnateur régional de Yopougon 7 de Gps, joint par téléphone.
Quid d’éventuelles candidatures indépendantes qui seraient portées par des Soroïstes ? « Les candidatures indépendantes sont des choses qu’on ne peut pas contrôler toujours. (…) les personnes qui iront contre les décisions des instances (…), nos statuts et règlement vont s’appliquer à elles », a averti M. Lago.
Est-ce qu’au fond, la décision du camp Soro ne s’explique pas par le fait que les proches de l’ex-président de l’Assemblée nationale redoutent une piètre performance aux élections législatives ?
«Non, a, tout de suite, réagi Hugues Lago. Nous ne craignons pas du tout de nous faire laminer par le Rhdp (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix : Ndlr). En réalité, nous sommes cohérents. Il faut le dire en toute vérité, nous sommes les plus cohérents. Vous le savez, depuis les élections de 2020, notre position n’a pas varié. On n’a pas été d’accord avec le 3e mandat. Donc, il n’y a même pas lieu d’être d’accord avec ce 4e mandat. On dit que cela est anticonstitutionnel… Sinon, on n’a pas peur d’aller aux élections ».
FRAGILISÉ. Le camp de Guillaume Soro a été fortement secoué voire fragilisé, ces dernières années. Entre procédures judiciaires (procès et condamnations) et défection de cadres, la situation n’est pas forcément reluisante. M. Soro, lui-même, a été condamné à la prison à perpétuité, par la justice ivoirienne, pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Le 23 juin 2021. Plusieurs de ses proches ont été également jugés et condamnés. Dans le même temps, la justice a prononcé la dissolution de Gps.
Entre 2023 et 2024,des partisans de Guillaume Soro, en Côte d’Ivoire, qui ont mené des activités sous le couvert de Gps ont eu des ennuis judiciaires. Dernier cas en date : l’ex-député de Biankouma, Kando Soumahoro, condamné, le 21 août 2024, à 36 mois d’emprisonnement dont 24 mois ferme. Ce pro-Soro avait comparu en flagrant délit. Il était visé par deux chefs d’accusation : maintien illégal d’un parti politique et trouble à l’ordre public.
M.Soumahoro avait été interpellé, le mardi 13 août 2024, après avoir signé, quatre jours plus tôt, au nom de Gps, une déclaration conjointe de partis politiques d’opposition et organisations de la société civile.
Dans une déclaration,le camp Soro avait indiqué que Gps n’était « pas un parti politique, mais une organisation régie par la loi n°60-315 du 21 septembre 1960 relative aux associations ». Il ne serait donc pas, selon les Soroïstes, « sous l’empire de la loi n°93-668 du 9 août 1993 relative aux partis et groupements politiques ».
Source: L’Inter





























