
Présidentielle 2025: le RHDP en congrès sous tension, entre plébiscite pour Ouattara et contestation persistante… (décryptage)
Lemandatexpress – Les 21 et 22 juin prochains, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) tiendra à Abidjan un congrès capital, à quelque quatre mois de l’élection présidentielle de 2025. Si l’événement s’annonce comme une démonstration de force en faveur du président Alassane Ouattara, il intervient dans un contexte politique tendu, marqué par des critiques de l’opposition sur la légitimité d’un éventuel quatrième mandat.
Depuis plusieurs mois, les signes en faveur d’une nouvelle candidature du chef de l’État se multiplient. À la tête du RHDP, Alassane Ouattara reste officiellement silencieux sur ses intentions pour 2025. Toutefois, lors de ses vœux au corps diplomatique en début d’année, il avait affirmé être « désireux de continuer de servir le pays », tout en évoquant plusieurs cadres du parti (une demi-douzaine) capables de prendre la relève.
Parallèlement, les pré-congrès éclatés, organisés depuis le 24 mai à travers le pays, donnent le ton. De Toumodi à Dabou, en passant par Séguéla, Daloa ou Abengourou, les motions se suivent et se ressemblent : les militants appellent à une nouvelle candidature du président.
« Avec le président Alassane Ouattara, la Côte d’Ivoire est devenue coquette et porteuse d’espérance, a retrouvé tout son rayonnement et sa place dans le conseil des nations, aussi bien en Afrique que dans le monde », a justifié Jeannot Ahoussou Kouadio à l’instar de tant d’autres dignitaires RHDP
De fait, la base, les élus et les cadres du parti s’activent pour faire du congrès un moment d’unité autour de la figure d’Alassane Ouattara.
Cette mobilisation rappelle celle de 2020, lorsque le décès soudain (8 juillet) du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, désigné dauphin, avait conduit le président Ouattara à briguer un nouveau mandat. La perspective d’un quatrième scrutin sous sa bannière soulève aujourd’hui des interrogations similaires.
Scénario alternatif : la carte Meyliet Koné
En l’absence d’annonce formelle, des figures de rechange émergent en coulisses. Le nom de Tiémoko Meyliet Koné, vice-président de la République, revient régulièrement dans les discussions internes. Économiste respecté, ancien gouverneur de la BCEAO, il est perçu comme un homme de confiance du chef de l’État.
Jusqu’à présent, Meyliet Koné n’a jamais exprimé d’ambitions présidentielles. Une éventuelle candidature de sa part ne pourrait intervenir que sur décision du président Ouattara. Le congrès des 21 et 22 juin pourrait ainsi être l’occasion d’une clarification : maintien du président sortant ou désignation d’un successeur.
Autre candidature annoncée : celle d’Évariste Méambly, ancien député et cadre du RHDP. Une initiative isolée, mais autorisée par les statuts du parti. « Monsieur Méambly a le droit de se porter candidat. Nous sommes un parti démocratique, avec des règles et des mécanismes de désignation de candidats », a rappelé Mamadou Touré, porte-parole adjoint du RHDP.
L’opposition fragilisée mais active
C’est un truisme de dire que ce congrès s’annonce dans un climat politique tendu. L’opposition continue de contester la légalité du mandat actuel d’Alassane Ouattara, considéré par certains comme un troisième, donc inconstitutionnel. Le débat, récurrent depuis 2020, a été relancé le 7 juin dernier par Laurent Gbagbo, lors de son meeting à Port-Bouët, dans le cadre de l’opération “Côcôcô”.
« Aujourd’hui, Amadou Gon Coulibaly est encore décédé ? » a ironisé le président du PPA-CI, avant d’affirmer : « Il n’y a pas de quatrième mandat. Parce qu’Amadou Gon Coulibaly n’est pas mort de nouveau ! » De plus, dans une formule provocatrice, Gbagbo a ajouté que « Celui qui veut faire tout pour être candidat, on fera tout pour qu’il ne soit pas candidat».
Outre ces critiques, plusieurs figures de l’opposition – Charles Blé Goudé, Guillaume Soro, Tidjane Thiam – ont été radiées de la liste électorale, pour des raisons administratives ou judiciaires. Une situation qui, selon certains observateurs, affaiblit la pluralité du scrutin à venir et renforce la position du RHDP. Sauf que ces leaders restent déterminés à candidater contre vents et marées. À Port-Bouët, Laurent Gbagbo a promis de se battre pour son honneur et son pays. Quarante-huit plus tôt, le COJEP menaçait de « mener toutes les actions nécessaires pour parvenir à la réhabilitation de son président, Blé Goudé ». Le PDCI-RDA n’est pas en reste, avec notamment des marches éclatées annoncées dans plusieurs localités en faveur de Tidjane Thiam.
Une équation à résoudre
Le grand rassemblement de juin s’annonce donc comme un moment de clarification politique. Deux options se dessinent pour le RHDP : reconduire Alassane Ouattara, au risque de raviver les tensions, ou tourner la page en désignant un nouveau leader, capable d’assurer la continuité tout en conservant l’encrage électoral du parti.
Dans tous les cas, la décision attendue à l’issue des assises des 21 et 22 juin pèsera lourd sur la dynamique de la campagne présidentielle de 2025. En confirmant ou en orientant sa succession, le président Ouattara reste plus que jamais au centre du jeu politique ivoirien.
Martial Galé
Lemandatexpress.net





























