Tidjane Thiam : “Le Front commun montre la gravité de la situation, il faut sauver la Côte d’Ivoire”
Lemandatexpress – Dans le 7e numéro de son podcast 20h25, Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, s’est exprimé sur l’alliance récemment conclue entre son parti et le PPA-CI, baptisée Front commun. Depuis la France, il a souligné la pertinence de cette initiative dans un contexte pré-électoral particulièrement tendu.
C’est le 19 juin dernier que ces deux formations, historiquement opposées sur le plan idéologique, ont signé cet accord de collaboration en vue de la présidentielle d’octobre 2025. Tidjane Thiam salue la création de cette alliance, qu’il considère comme une opportunité pour les démocrates ivoiriens, en rappelant notamment le soutien exprimé par la CAP-Côte d’Ivoire. Pour lui, le Front commun est centré sur l’intérêt général du pays.
“Ça montre la gravité de la situation, parce que c’est un secret pour personne que les différentes parties dans ces groupements ont des idéologies différentes. Mais il s’agit du pays, il s’agit de sauver la Côte d’Ivoire, de mettre la Côte d’Ivoire dans le camp des démocraties en Afrique. Si vous regardez la sous-région, tous les pays où on a résisté à l’alternance, que ce soit en Guinée, au Mali, au Burkina Faso, avec Alpha Condé, IBK ou même Compaoré, vous avez vu les difficultés auxquelles ils ont été confrontés”, a-t-il affirmé.
Il cite, en contre-exemple, les pays qu’il considère comme stables grâce à une alternance démocratique réussie : le Sénégal, le Ghana, le Libéria.
À l’inverse, Tidjane Thiam range la Côte d’Ivoire dans la catégorie des autocraties. Il dénonce notamment l’utilisation des institutions judiciaires à des fins politiques. “Les autocraties, ce sont les régimes qui font un usage stratégique des institutions judiciaires pour marginaliser les opposants. Est-ce que ça vous paraît ressembler à ce que nous avons vécu en Côte d’Ivoire depuis quelques années ?”, a-t-il lancé, sur un ton ironique.
Alors que le Front commun fait apparaître deux pôles au sein de l’opposition, ce qui pourrait suggérer une division, Thiam insiste sur l’unité de cette dernière :
“Ce qu’il faut comprendre, c’est que c’est un dispositif à deux volets. L’opposition est unie. Le point fondamental, c’est que l’opposition est désormais unie face au pouvoir, avec deux sensibilités, ou deux branches si vous voulez.”
Il poursuit en détaillant la stratégie actuelle : “Le Front commun avec le PPA-CI et le PDCI-RDA, d’un côté, et de l’autre, CAP-CI avec le PDCI-RDA, le COGEP, le FPI, le MGC de Mme Gbagbo et beaucoup d’autres partis, tous unis pour un changement de régime et une alternance pacifique en Côte d’Ivoire. Vous savez que j’aime bien l’expression : il ne faut pas prendre les Ivoiriens pour des idiots, ils sont capables de s’unir quand il le faut.”
Sur la tension croissante du climat sociopolitique, Tidjane Thiam met en garde contre les violences verbales, qu’il identifie comme un facteur déclencheur de crises :
“Ça commence par le discours. Il faut dire des choses inadmissibles. Parce que je m’appelle Thiam, on met en doute ma nationalité sur la base d’un patronyme. Personne ne choisit son patronyme. Moi, je suis très fier du mien. Mon père a servi la Côte d’Ivoire toute sa vie, jusqu’à sa mort. On peut venir de partout.”
Il condamne aussi fermement les violences physiques, appelant à une campagne électorale apaisée :
“Maintenant, il y a aussi le problème de la violence physique. Et ça, c’est ce qui préoccupe beaucoup d’Ivoiriens. 2025 n’est pas 2011. Donc nous espérons que, quelles que soient les tensions politiques, tout cela puisse être résolu de façon pacifique, sans violence. Et comme on dit, il vaut mieux prévenir que guérir. Je veux simplement attirer l’attention sur le fait que ceux qui pensent qu’ils vont essayer de se sortir de la situation actuelle par la violence se trompent.”
Enfin, Tidjane Thiam a dénoncé certaines arrestations liées à des délits d’opinion et à des injures présumées à son encontre, estimant qu’elles relèvent de méthodes autoritaires.
Martial Galé.
Martial Galé
