
Présidentielle 2025/ PDCI, RHDP, PPA-CI, Situation politique inédite: Qui pour conduire la destinée du pays ?
A quatre (4) mois de l’élection présidentielle de 2025, la Côte d’Ivoire vit une période inédite. C’est un véritable écran de fumée épais qui obstrue la visibilité des militants des trois (3) grandes formations politiques du pays, et pas que. Difficile de prévoir qui sont ceux vont s’affronter lors de la présidentielle 2025.
Les observateurs les plus avertis se prennent eux-mêmes les pieds dans le tapis, quant à démêler l’échafaud politique qui s’est noué sous leurs yeux au fil des mois. Si au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le 2ème congrès ordinaire organisé les 21 et 22 juin 2025 a eu un grand succès du point de vue de la mobilisation, et de l’animation, ce rassemblement a eu, pour de nombreux militants, le goût d’une symphonie inachevée. Pour les plus allants au sujet de la candidature du Président Ouattara, le fait que le chef de l’Etat remette sa décision à plus tard était pour eux un coup de boutoir. Cela a sans doute crée plus de questionnements chez de nombreux militants du parti des houphouëtistes.
Et la visibilité est devenue plus réduite chez ces derniers, sur ce sujet. Même si un espoir subsiste chez ceux d’entre ces militants qui croient encore que le président sortant peut toujours annoncer sa candidature, il ne reste pas moins que l’incertitude plane toujours. Surtout que lors du congrès, le Président Alassane Ouattara a prononcé un discours qu’il faudra décrypter en tenant compte des non-dits. « Concernant la candidature à la présidentielle du 25 octobre 2025, je veux vous redire que je suis le Président de tous les Ivoiriens, pas seulement des militants du RHDP. (…) Je prendrai dans les jours qui viennent, après mûre réflexion, en âme et conscience, une décision », a dit le chef de l’Etat qui ne s’est pas laisser emporter par la ferveur militante et les nombreux appels à se porter candidat et à faire une déclaration dans ce sens, lors du congrès, dimanche dernier.
Conscient des implications sociopolitiques d’une telle décision, Alassane Ouattara a décidé de différer sa décision qui, en réalité est déjà prise. Elle est dans les tuyaux. Il attend une fenêtre de tir plus favorable pour le faire savoir. Certains évoquent la date du 6 août, la veille de la fête de l’indépendance, à l’occasion de son discours à la nation. Mais sa décision pourrait intervenir plus tôt. Quoi qu’il en soit, si le Président décide de rempiler, les militants du RHDP seront les plus heureux, car il est le meilleur cheval pour la présidentielle du 25 octobre 2025.

La question est de savoir si dans une telle configuration, le Président Ouattara peut être candidat, sans prendre une décision politiques, d’apaisement à l’endroit des autres partis dont les candidats, actuellement, sont frappés d’inéligibilité. Le faire ne serait pas mettre sur un pied d’égalité un candidat remplissant toutes les conditions de candidature et les autres, frappés par des décisions de justice qui les en privent.
Le champ des possibles
Ce serait par contre, un geste d’apaisement pour l’intérêt supérieur de la nation. En outre, si le chef de l’Etat donne une réponse défavorable par rapport à sa candidature à la présidentielle, il ouvre là, le champ des possibles. Certes, le candidat qui sera désigné à sa place, aura tout son soutien, en tant que force d’appoint. Mais il sera perçu comme une sorte de succédané qui pourra, bien entendu, savourer les délices d’une candidature à la présidentielle autant qu’il sera exposé aux démons de la politique politicienne. Cela demande une certaine envergure et du coffre. Cet homme choisi pourra-t-il faire l’unanimité à environ quatre mois d’un tel scrutin ? Même si l’on met à sa disposition l’appareil du parti, il lui faudra convaincre au-delà de sa base sociologique, car en Côte d’Ivoire, il est difficile pour une seule formation politique de gagner une présidentielle sans aucun élargissement de sa base électorale.
C’est à ce titre que le Président Ouattara a insisté sur ce fait lors du congrès : « Nous demeurons, comme toujours, ouverts à toutes les Ivoiriennes et à tous les Ivoiriens qui partagent ces idéaux et ces valeurs. Le 25 octobre 2025, lors de l’élection présidentielle, nous irons défendre notre bilan et nos idéaux dans les urnes ». Par ailleurs, une campagne présidentielle se construit toujours sur une idée de rupture. Pas la continuité. Comment ce candidat, lui-même sous l’ombre du Président sortant pourra-t-il professer une rupture ? Ou alors, s’agira-t-il d’un changement dans la continuité ?
En tout état de cause, rien ne sera facile pour ce dauphin qui devra affronter une opposition au couteau entre les dents. Pourtant, malgré les « Président, ne nous abandonnez pas ! » venant des militants du RHDP, Ouattara devra prendre une décision difficile. Et la difficulté de cette décision ajoute davantage de complexité pour avoir une visibilité du champ politique. Les autres partis d’opposition, les plus significatifs, eux-aussi, voient des archipels d’écueils se dresser sur leur chemin.
Visibilité réduite au PPA-CI
Et chez eux, la visibilité n’est pas du tout bonne. Au Parti des peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), le Président Gbagbo, depuis quelques semaines s’emploie à mettre un bémol au sujet de sa candidature à la présidentielle 2025. Il a changé de pied en créant son mouvement ‘’trop c’est trop’’. Au sein de son parti, la question d’une candidature de substitution est taboue. Tout le monde ne jure que par Laurent Gbagbo. Pourtant, il ne figure pas sur la liste électorale et donc n’est pas éligible. Qu’à cela ne tienne, les responsables du PPA-CI prennent part à la formation des responsables des partis politiques sur la collecte des parrainages, organisée par la Commission électorale indépendante (CEI).
Alors qu’ils se sont retirés de cette institution. Dans le même temps, ils mobilisent leurs bases pour la présidentielle. On n’a jamais nagé dans une eau aussi trouble. Certains imaginent bien, que le candidat de substitution pourrait être Ahoua Don Mélo. Mais comme une confidence versée de cœur à cœur, personne n’ose l’ébruiter et le concerné lui-même entretient le flou en faisant campagne pour la candidature de son mentor. Toutefois, comme les restes de la curée du lion reviennent à l’hyène, celui qui sera désigné à quelques semaines de l’élection par le PPA-CI comme candidat, aura un véritable problème de légitimité.
Il sera vu comme un candidat par défaut et le vassal attitré de Laurent Gbagbo. Si l’incertitude persiste au sein de ce parti, une chose est certaine, il n’envisage pas un boycott de la présidentielle. A minima, le parti présentera un candidat en union avec l’un de ses nombreux alliés. A part le RHDP et le PPA-CI, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire se situe également dans une zone trouble.
Au PDCI, on ne sait plus où on habite
Son président Tidjane Thiam qui est devenu le zénith et le nadir des militants du parti vert et blanc, est absent du pays depuis quelques mois. Laissant ces derniers orphelins, à environ quatre (4) mois de la présidentielle de 2025. Le parti du président Konan Bédié est en lambeau et son nouveau président, retiré en Europe, gère le parti à distance à coup de communiqués qui tombent comme des décrets impériaux. Les militants les plus lucides se demandent comment leur leader parviendra-t-il à être candidat à la présidentielle s’il n’est pas capable de rentrer au pays, auprès de ses militants et du peuple dont il prétend porter les les aspirations.
Comme au PPA-CI la question d’une autre candidature est un tabou. Absent de la liste électorale, Tidjane Thiam ne peut être candidat à la présidentielle. Au sein de son parti il y a les partisans de la non-participation à la présidentielle et ceux qui estiment qu’il est inadmissible que le PDCI soit absent de ce scrutin majeur. Pour cette deuxième frange de militants, il vaut mieux soutenir un cadre proche de Thiam afin qu’il porte les espoirs du parti. Dans cet ordre d’idée, des noms de personnalités comme Jean Marc Yacé, maire de Cocody, ou Aby Raoul, maire de Marcory, entre autres, sont avancés. Toute la stratégie du parti qui s’est bâtie autour de la seule personne de Tidjane Thiam ne permet pas d’ouvrir le jeu en favorisant la candidature de certaines personnalités du parti, considérées comme des adversaires.
Il s’agit de Jean-Louis Billon ou même de Thierry Tanoh. Parviendront-ils au dernier moment à s’entendre et à unir leurs forces pour une candidature du PDCI plus consensuelle ? Rien n’est sûr. Et comme tout cela ne suffisait pas pour enfumer l’horizon, le parti à contracter de multiples alliances avec différentes formations politiques. Après s’être allié au FPI de Affi, au COJEP de Blé Goudé, au MGC de Simone Gbagbo, tous au sein de CAP-CI qui incluent plus de 20 partis politiques, Tidjane Thiam vient de faire une autre alliance avec le PPA-CI du Président Gbagbo. Qui a été mis à l’écart par CAP-CI. Ce changement de pied permanent fait dire aux plus impitoyables analystes, que le président du PDCI-RDA ne sait plus où il habite. Tout cela en rajoute à la confusion concernant la ligne politique actuelle du PDCI-RDA, précisément sa posture concernant la présidentielle 2025.
On le voit, plus l’on approche de la date du scrutin, plus le brouillard s’épaissit et la lisibilité devient plus que difficile au sein des grandes formations politique du pays. Le risque, c’est que les atermoiements et les hésitations profitent à des personnalités connues du grand public, issues de nouveaux partis politiques, mais très actifs sur les réseaux sociaux. Cette situation contraste avec ce qui se passe sous d’autres cieux, principalement en France où on connait déjà le candidat des Républicains en la personne de Bruno Retailleau.
Chez les socialistes, c’est Olivier Faure qui, à l’issue d’un congrès serré va porter les couleurs de son parti à la présidentielle de 2027. Au Rassemblement national, en dépit des déboires judiciaires de Marine Le Pen, Jordan Bardelle se dresse comme une parfaite doublure. Au sein du parti parti du président sortant, Emmanuel Macron, Gabriel Attal tient la barre. LFI et Horizon seront représentés respectivement par Mélenchon et Edouard Philippe. Là-bas, l’horizon est très clair, pour un scrutin qui se tiendra en 2027.
Paul Kouakou






























