
Miss Côte d’Ivoire 2025 : Koné Fatima, « sortie dans dos » pour briller ou sombrer dans l’oubli? (Décryptage)
Lemandatexpress – La victoire de Koné Fatima au concours Miss Côte d’Ivoire 2025 n’en finit pas de charrier la controverse. Raillée par les uns, défendue par les autres, elle entame, sur des vagues houleuses, un mandat dont seul l’épilogue permettra de tirer une conclusion plus lucide.
Comme la beauté est relative et que chacun l’apprécie selon ses propres canons, les résultats des concours Miss ont rarement fait l’unanimité. L’édition 2025, tenue le samedi 28 juin au Parc des expositions d’Abidjan (Port-Bouët), n’a fait qu’exacerber la divergence d’opinions qui découle généralement de ce challenge. Un challenge qui prend en compte aussi bien l’apparence physique des candidates que certains aspects d’ordre sociologique, comme l’éloquence, la culture générale ou encore l’engagement social.
De l’avis général, l’élue ne mériterait pas la couronne. Elle serait « sortie dans dos », comme on dit dans les rues d’Abidjan. Autrement dit, la fille du Hambol aurait triomphé à la surprise générale. « Il y avait beaucoup de candidates. Deux avaient attiré mon regard. Et ce n’était surtout pas l’actuelle Miss », a réagi l’influenceuse Emmanuelle Kéita, une référence dans le domaine de la mode, qui s’exprime généralement sans complaisance.
Mais Thierry Koffi, Secrétaire général du COMICI, précise ceci : « Cette année, pour la finale de Miss CI, il faut savoir qu’il y a eu trois critères de notation. Il y a d’abord eu la note de préparation (20 %), puis le vote du jury et le vote du public. C’est cela qui a marqué une grande différence cette année : l’inclusion du vote du public par SMS, qui a eu un impact très fort. » Fatima aurait certainement fait le plein au niveau du vote du public.
Le site yessouan.com va plus loin en affirmant que « le choix du jury en sa faveur valide l’évolution du concours Miss Côte d’Ivoire vers des critères plus équilibrés entre esthétique et substance. Cette tendance reflète les transformations sociétales qui privilégient l’authenticité à l’apparence pure, particulièrement auprès des jeunes générations ».
La victoire de Koné Fatima ne serait donc pas usurpée, mais guidée par des critères qui privilégient désormais des valeurs cardinales : le mindset au détriment du seul principe de beauté plastique. Aussi, en convoquant le vote du public, il apparaît qu’au-delà du soutien spontané et objectif, la nouvelle Miss aurait été portée par une belle communauté déterminée et dévouée à sa cause.
Cela donnerait d’elle l’image d’une leader née, d’une femme impactante, qui rêve grand. Le projet d’une fondation contre la faim qu’elle porte avec force et engagement dans le Hambol semble être l’expression de ce charisme. Parlant de Koné Fatima, Emmanuelle Kéita reconnaît avoir vu en elle « une chose précieuse ». « Cette jeune femme était aimée. Pas juste appréciée. Aimée », a dit EK, faisant allusion à la débauche d’énergie manifestée par ses camarades pour tenter de la faire entrer dans son cercle.
Si les détracteurs de la jeune étudiante de 23 ans ne démordent pas dans leurs critiques acerbes – qui frisent pour certaines la condescendance – Koné Fatima peut compter sur des voix audibles de la blogosphère, comme celle de Patco Yao. « Ne regardez pas Internet pour juger, elle est très belle en vrai, douce et a le genre pour être Miss. Je l’ai connue à Bouaké à la faculté d’Anglais. Il y a des gens comme ça, qui ne brillent pas face aux caméras », a écrit le chroniqueur de Mid’Yves (sur La 3). Avant de soutenir que les « haters » changeront d’avis quand ils la verront en face.
Voilà une profession de foi qui ouvre une piste de réflexion au cœur de ce débat passionné. Peut-être faut-il un peu de recul, dominer les émotions épidermiques, pour espérer un jugement plus pondéré. Car il est évident que l’aventure de Fatima ne fait que commencer.
Les premières réactions de la Miss expriment d’ailleurs cette réalité. « Aujourd’hui, je sais que je suis exactement là où je devais être. Ce n’est pas une fin, mais un commencement : celui d’une mission, d’un regard neuf sur moi, sur mon pays, sur le monde », a-t-elle reconnu. Et d’ajouter : « Je ne connais pas encore la suite, mais une chose est sûre : je ne suis pas seule. »
En plus de défendre l’image de la Côte d’Ivoire à l’international, Koné Fatima sera dans l’action au plan national. « Je veux accompagner les jeunes dans leur recherche d’emploi et les sensibiliser aux opportunités du numérique », explique celle qui étudie le e-commerce. Comme Diamala Marie Emmanuelle, qui l’a précédée sur le trône, elle sera plus qu’un visage : la porteuse d’une mission, d’une voix, d’une force à communiquer.
C’est seulement en réussissant à incarner remarquablement cette image que Miss Côte d’Ivoire 2025 légitimera sa victoire, quoique controversée. À défaut, elle pourrait traverser ce mandat dans l’anonymat le plus total et s’évanouir dans les méandres de l’oubli.
Martial Galé































