
Filières élevage/Gl Soumahoro Gaoussou (Pdt OIA des petits ruminants) : « Les décrets de reconnaissance remis sont des feuilles de route qui vont aider à booster les filières d’élevage »
Le président de l’Organisation Interprofessionnelle agricole (OIA) des petits ruminants (moutons, chèvres), le Gl Soumahoro Gaoussou, se prononce sur les décrets pris par le gouvernement pour booster les filières d’élevage en Côte d’Ivoire
L’interprofession a été créée le 6 septembre 2024. Depuis cette date, quelles sont les grandes actions que vous avez menées ?
Effectivement, à la sortie de notre Assemblée générale constitutive en septembre 2024, la première chose que nous avons faite, c’était de faire l’état des lieux. Cet état des lieux était en même temps une campagne de sensibilisation et d’information des acteurs des petits ruminants, qu’ils soient producteurs, commerçants ou transformateurs. Parce qu’à ce jour, ce sont les trois collèges qui existent. Et cet état des lieux nous a permis de centraliser les problèmes. Au niveau des producteurs, nous avons pris contact avec, déjà, les structures qui ont été mises en place, notamment le Pro-Ovins, pour échanger avec les responsables. Et avec ces responsables, nous avons eu de très bons échanges. Il est prévu que nous nous rencontrions en ce mois de juillet, pour échanger sur un certain nombre de dispositions que nous allons prendre relativement à notre plan stratégique de développement. Nous savons aussi qu’il y a le Pro-Ovins qui a été mis en place par notre ministère de tutelle. Avec les échanges que nous aurons, nous pourrons entrer beaucoup plus en détails. C’était l’état des lieux. Deuxièmement, nous aussi, conformément, comme je l’ai dit, au plan stratégique de développement, nous avons à l’intérieur un certain nombre de dispositions à prendre, notamment chez les commerçants. Nous avons commencé à installer les comités de liaison qui nous servent à prendre toutes les informations dont on a besoin pour mettre à la disposition de l’Etat des statistiques fiables. Notamment au niveau non seulement des acteurs, mais aussi des importations, des différentes gestions qui se font sur les marchés. Ça, c’est essentiellement sur les marchés de vente des petits ruminants et les abattoirs où se fait l’abattage des petits ruminants. Nous avons mis quelques dispositions aux frontières, juste pour contrôler les flux d’entrée. À ce stade, c’est ce que nous avons fait jusqu’à maintenant. A partir de la semaine prochaine, nous commençons à recenser nos acteurs pour également mettre à la disposition de notre tutelle, des statistiques fiables.
Vous évoquiez le projet Pro-ovins. A titre de rappel, il a été lancé le 24 novembre 2024 à Béoumi pour un coût global chiffré à 4, 378 milliards FCFA. Ce projet a pour objectif principal d’assurer la couverture des besoins nationaux en viande de petits ruminants (moutons et chèvres). Cela passe par une production en vue notamment de, renforcer la sécurité alimentaire, d’augmenter les revenus des populations rurales. Ledit projet (Pro ovin) vous sert certainement de catalyseur dans l’atteinte de vos principaux objectifs, n’est-ce pas ?
Oui, je pense qu’il va servir d’élément catalyseur. Puisqu’à la lumière de nos préoccupations avec les responsables, nous avons prévu de faire des séances de travail. Des séances de travail au cours desquelles nous allons vraiment nous étendre sur les questions de production au niveau des petits ruminants. Surtout que vous savez qu’il y a la Politique nationale de développement de l’élevage, de la pêche et de l’aquaculture, la PONADEPA, qui a été mise en place. Tout ça, les uns mis dans les autres, nous allons véritablement rentrer dans le vif du sujet avec le projet Pro-ovins.
Vous et plusieurs autres acteurs étiez à l’honneur, il y a quelques jours, à la faveur de la cérémonie officielle de remise de décrets de reconnaissance aux Organisations interprofessionnelles agricoles (OIA) des filières de petits ruminants, aquacole, pêche, porcine, gros ruminants. Comment interprétez-vous ce geste et comment ce décret va-t-il désormais contribuer à booster davantage votre secteur d’activité ?
Cette question est très bienvenue. C’est une cérémonie qui a été très bien accueillie, surtout par la filière des petits ruminants. Parce qu’elle a permis de montrer vraiment à toute la Côte d’Ivoire et à toute l’Afrique, la volonté politique qui a été de subdiviser le secteur bétail en trois parties. Et le ministre (Ndlr : Sidi Tiémoko Touré) l’a bien souligné dans son intervention : il y a les gros ruminants, il y a les petits ruminants, et il y a le lait. Je disais que la cérémonie était bienvenue aussi parce qu’il y a un comportement inadmissible d’acteurs des gros ruminants qui s’investissent de façon désordonnée et impertinente dans les zones de compétence des petits ruminants. Cela ne peut pas continuer. Je prends tout le temps à cause de cette histoire ; je prends tout le temps à consacrer, à calmer, à essayer d’établir le dialogue afin qu’on n’en arrive pas à la dérive. Mais les acteurs des gros ruminants, c’est, comme je l’ai dit tout à l’heure, de façon impertinente, désordonnée, s’investissent dans le domaine des petits ruminants. C’est pour moi l’occasion d’attirer l’attention des autorités et des acteurs sur le fait qu’on doit avoir des comportements responsables. Parce que tel que les acteurs des gros ruminants font, le risque est réel que les choses dégénèrent. Cela peut conduire au désordre. Ma position est que je ne cautionne pas ce genre de choses. C’est pour cela, d’ailleurs, que j’ai fait des correspondances à l’effet d’informer les autorités de la situation. Parce qu’elles commencent à dépasser les limites de l’acceptable. Et à ce sujet, j’ai prévu faire des séances, des rencontres avec les acteurs des petits ruminants sur les espaces où il y a des marchés. Cela, pour leur expliquer ce que c’est qu’une interprofession ; la vision des responsables de l’interprofession par rapport aux missions qui leur ont été assignées pour que chacun sache ce qu’il a à faire et ce qu’il doit faire dans ce milieu. Mais, je reviens encore là-dessus : il faut que les acteurs des gros ruminants restent dans leur domaine de compétence et qu’ils ne viennent pas empiéter sur le domaine des petits ruminants. C’est vraiment désobligeant. C’est désagréable.
Au cours de votre annonce à la cérémonie de remise officielle des décrets de reconnaissance aux OIA des filières de petits ruminants, aquacole, pêche, porcine et gros ruminants, le samedi 28 juin dernier, vous avez dit que vous restez confrontés à des difficultés existentielles. Quelles sont ces difficultés et que faire concrètement pour les résoudre ?
Oui, les difficultés existentielles s’inscrivent dans le fait que les acteurs, surtout des gros ruminants, nous empêchent de travailler. Ils n’ont plus de limites. Dès que les acteurs des petits ruminants entreprennent certaines choses, ils ont leurs hommes qui viennent pour interférer. Le gros problème, par des procédés que j’estime légaux, on adresse des correspondances pour dénoncer cette situation. Pas de réponses. Ce n’est pas mon souhait, mais je crains fort que cela ne dégénère. Je ne suis qu’un homme. Et les autres aussi, chaque fois ils me disent qu’ils sont excédés. La lueur d’espoir que j’ai eu, c’est que le ministre de tutelle, juste après mon intervention, il m’a dit qu’il avait pris des notes de mes préoccupations et qu’il allait me revenir. En attendant, j’exhorte les acteurs des petits ruminants à continuer de garder leur sang-froid. Quant à nous, nous continuons les démarches auprès des autorités et des responsables des gros ruminants afin que chacun puisse exercer son travail comme il le faut. Sinon, au niveau de la production, nous n’avons aucun problème. Quant aux responsables régionaux, qui sont soit des directeurs départementaux, soit des directeurs régionaux, on n’a aucun problème avec eux.
Entretien réalisé par
Mathias Kouamé






























