
Exclusif/Anicet Gnanzi, président de l’UDCY: « Pas besoin de pression extérieure pour garantir des élections libres.» (interview)
Lemandatexpress – À l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025, l’Union Démocratique et Citoyenne (UDCY) affine sa position dans un paysage politique ivoirien marqué par les incertitudes sur la candidature du président sortant Alassane Ouattara, les débats sur le parrainage citoyen, et les appels au dialogue politique. Dans cet entretien, le président de l’UDCY, Anicet Gnanzi, revient sur les raisons de son soutien au RHDP, donne son point de vue sur les dynamiques au sein de l’opposition, la polémique autour de la CEI, et appelle à un scrutin apaisé, sans interférence extérieure.
Récemment, plusieurs partis politiques dont L’Udcy étaient aux côtés de Zadi Djedje appelant à soutenir le président Alassane Ouattara pour l’élection présidentielle. Qu’est-ce qui a motivé ce choix sachant que lors de votre dernière convention vous avez indiqué que la direction du parti déroulerait sa position au cours d’une conférence de presse ?
Au cours de la conférence de presse à laquelle vous faites allusion, il s’agissait d’un appel de principe fait par la Coalition Nationale pour la Nation (CPN) un regroupement de deux plateformes, le G8 et la DIR. La CPN a, en effet, lancé un appel au président Ouattara afin qu’il se présente à l’élection présidentielle d’octobre prochain. Mais en ce qui concerne l’UDCY, étant donné que le parti ne présente pas de candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2025, il est nécessaire de nous déterminer en choisissant le candidat à soutenir. Je me prononcerai officiellement à ce sujet, le moment venu, tel que cela m’a été recommandé par notre Convention nationale tenue le 5 avril 2025.
Le président Ouattara entretient le suspense sur sa candidature en 2025. Que vous inspire cet état de fait ?
Le président Ouattara est le candidat sortant. A ce titre, il peut, tant que les délais constitutionnels le lui permettent, annoncer s’il est candidat ou non, à tout moment. Je pense qu’il le fera dans quelques jours.
En cas de non candidature du président, allez-vous maintenir votre soutien au RHDP ?
Vu l’excellence des rapports qui existent entre le RHDP et l’UDCY notre soutien ne saurait se limiter uniquement à la personne du président Ouattara. Dès lors, le soutien de l’UDCY reste acquis au RHDP, quel que soit son candidat officiel.
En attendant, le parrainage citoyen, qui a débuté le 2 juillet dernier, fait débat. L’opposition et même des partis politiques de votre Groupement le G8 demandent purement et simplement le retrait de ce processus. Pourquoi le considérez- vous comme antidémocratique ?
Certes, à titre individuel l’un des membres du G8, notamment l’ADP, demande le retrait du parrainage, mais le G8 dans son ensemble n’est pas contre le parrainage. Il ne saurait en être autrement quand on sait que nous avons participé à la phase du dialogue politique, la deuxième tenue en janvier-février 2020, qui a proposé l’instauration de ce système. J’ai représenté l’UDCY au cours de ces assises et je ne renie pas ma signature. De plus, certaines améliorations souhaitées après l’expérience de 2020, telles que le rallongement du délai de collecte des parrainages et que cette collecte se fasse sur la base de la liste électorale définitive, ont été prises en compte cette année. Dès lors, le parrainage ne nous gêne plus.
Quelles sont vos propositions concrètes pour un système de filtrage des candidatures qui convienne, selon vous, à la Côte d’Ivoire ?
Les conditions actuelles sont largement suffisantes.
Quelle lecture faites-vous des alliances au sein de l’opposition avec d’un côté la CAP-CI et, de l’autre, le front commun constitué par le PDCI-RDA et le PPA-CI ?
Nous observons ces regroupements qui se nouent çà et là mais nous ne comprenons pas bien. Mais bon, nous avons entendu, quelque part que l’opposition peut parler d’une même voix sans toutefois parler d’une seule voix. Nous faisons nôtre cette vision. Pourvu que ça dure et que les résultats escomptés soient atteints, au bout du compte.
L’opposition appelle à la réouverture d’un dialogue avec le gouvernement notamment au sujet de la radiation de plusieurs leaders politiques de la liste électorale. Qu’est-ce que vous en dites ?
Que ceux qui appellent au dialogue politique actuellement commencent par énoncer clairement les sujets à inscrire à l’ordre du jour, sujets qui n’auraient pas été débattus lors de la dernière phase, ou qui n’auraient pas trouvés solution à l’issue de cette phase 5 du dialogue. Seulement, je note juste que ceux qui évoquent cette question sont ceux qui, pour la plupart, n’étaient présents à la phase 5. De toutes les façons, il est actuellement trop tard pour enclencher ce dialogue, si tant est que le Gouvernement accédait à cette demande. Souvenons-nous que la dernière phase de dialogue a duré environ 3 mois. Il est donc évident que le chronogramme électoral en cours ne laisse plus de place pour l’ouverture d’une nouvelle phase de dialogue.
Comprenez-vous les critiques sans ménagement qui s’abattent sur la CEI, pointée du reste comme étant partisane et opaque dans sa gestion du processus électoral ?
C’est un faux procès, du dilatoire. Ceux qui fustigent la CEI sont tous membres de cette institution. La CEI est impartiale un jour pair, elle est partisane un jour impair. Selon qu’elle réponde à leurs attentes ou non. Pour l’UDCY, cette dénonciation de la CEI est juste une fuite en avant.
Pensez-vous qu’il faut réformer la CEI ?
Non. Cela n’est pas nécessaire. La CEI, dans sa forme actuelle, achève sa mission à l’issue du processus électoral en cours, après les législatives. Qu’on la laisse terminer ce qu’elle a si bien commencé. Sans pression aucune. D’ailleurs, nous à l’UDCY, nous proposons qu’à l’issue de ce processus électorale, et à la fin de la mission de la CEI, l’organisation des élections soit désormais confiée au ministère de l’Intérieur, comme c’était le cas par le passé.
Au vu du contexte politique actuel, comment entrevoyez-vous la tenue des élections en 2025 ?
Nous espérons que nous serons tous habités par la sagesse, en souvenirs de notre histoire récente, afin contribuer chacun à notre niveau à la tenue d’une élection présidentielle démocratique, apaisée et sécurisée.
À la lumière de ses différentes sorties, Tidjane Thiam semble solliciter l’appui de la communauté internationale pour peser sur le processus électoral. Que pensez-vous de cette démarche ?
C’est une démarche anachronique. On ne peut pas tous clamer haut et fort un désir de souveraineté et appeler la communauté internationale à s’impliquer dans un processus électoral qui suit tranquillement son cours. D’ailleurs, si l’implication de la communauté internationale était l’assurance d’une élection sans contestation, celle de 2010 n’aurait pas connu une issue si catastrophique. Avec des conséquences qui durent jusqu’aujourd’hui.
Faut-il vraiment une pression extérieure pour garantir des élections libres et transparentes en Côte d’Ivoire ?
Non, pas du tout. Ni moralement ni matériellement. La présence d’observateurs internationaux accréditées suffit bien.
Certains y voient une atteinte à la souveraineté du pays. D’autres y voient un levier stratégique. Quelle est votre position ?
Ce débat n’a pas lieu d’être. Chacun de nous doit plutôt œuvrer à préserver la bonne image de notre pays. En veillant à l’application stricte des règles énoncées par le Code électoral et au respect de celles-ci par tous les acteurs.
Quel appel lancez-vous à la jeunesse ivoirienne à un peu plus de trois de cette échéance électorale ?
A toute la population, et en particulier à la jeunesse, je rappelle que nous n’avons qu’un seul pays. Gardons-nous de le détruire. Allons le 25 octobre, à l’unisson, accomplir notre devoir citoyen, celui de choisir notre président de la république, sans violence ni intimidation afin que la Côte d’Ivoire, solidaire, continue sa marche glorieuse vers son développement, pour le bonheur de tous.
Entretien réalisé par Izou Dine































