Le PDCI-RDA rejette toutes les activités de la CEI : stratégie de pression ou repli calculé ?
Lemandatexpress – Dans un communiqué publié ce 18 juillet 2025, le plus ancien parti politique ivoirien a interdit à l’ensemble de son personnel politique de prendre part à toute activité liée à la Commission électorale indépendante (CEI), tant au niveau central que local.
Signé par Me Blessy Jean-Chrysostome, Secrétaire exécutif chargé des Élections, de l’État civil et des Listes électorales, le texte est sans ambiguïté. Il s’agit d’un acte de réaffirmation politique clair : « J’invite fermement le personnel politique du PDCI-RDA à ne point répondre aux pressantes invitations de la CEI relatives aux activités de ses structures locales. Le PDCI-RDA n’y participe pas ! », martèle le communiqué, qui se conclut sur un ton ferme : « Veuillez-vous gouverner en conséquence. »
Manifestement, à trois mois de l’élection présidentielle d’octobre, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) maintient la pression sur la CEI, dont il conteste la légitimité.
Ce positionnement ne date pas d’hier. Le 11 avril 2025, le PDCI-RDA avait déjà annoncé son retrait de toutes les activités de la CEI, décision officialisée par courrier le 14 avril. Le retrait s’applique aussi bien à l’organe central qu’à ses démembrements : les Commissions électorales locales (CEL) et les Comités électoraux régionaux de district (CERD).
Une présidentielle sous tension
Pour le parti fondé par feu Félix Houphouët-Boigny, c’est une manière de dénoncer une architecture électorale jugée déséquilibrée, politisée et inféodée au pouvoir en place.
Mais alors que la collecte des parrainages est en cours depuis le 2 juillet, avec la participation active des tous les partis, ce refus de collaboration réaffirmé soulève une question cruciale : le PDCI-RDA participera-t-il à l’élection présidentielle ? Une interrogation d’autant plus pressante qu’aucun candidat n’a encore été officiellement investi en sein, et que Tidjane Thiam, pressenti, reste pour l’instant inéligible.
Dans ces conditions, deux hypothèses se dessinent : un boycott pur et simple du processus électoral, ou une participation conditionnée à des réformes urgentes.
Un pari risqué
La ligne dure du PDCI-RDA traduit une volonté de forcer la main au gouvernement : recomposition de la CEI, audit du fichier électoral, et tenue d’une RLE en 2025. Mais cette posture n’est pas sans effets collatéraux.
En appelant ses représentants à boycotter la CEI, le parti déséquilibre éventuellement plusieurs structures locales, notamment dans ses bastions du Centre et du Sud. Cela peut compliquer des opérations clés comme la distribution des cartes d’électeurs, l’identification des lieux de vote, ou la supervision des bureaux le jour J.
Pour la CEI, l’enjeu est logistique, mais aussi symbolique. L’absence du PDCI-RDA, parti historique, pourrait fragiliser la crédibilité du scrutin et raviver les soupçons de manipulation démocratique.
Désormais allié au PPA-CI au sein du « Front commun » dont les structures ont été dévoilées le 16 juillet, le PDCI-RDA reste un acteur majeur de la scène politique.
Entre bras de fer et isolement stratégique
Le gouvernement, lui, garde pour l’instant le silence, misant peut-être sur une lassitude ou un revirement du camp Thiam. Mais le message de ce 18 juillet est clair : le PDCI-RDA ne cédera pas sans réforme significative.
Une stratégie à double tranchant : d’un côté, créer un rapport de force en dehors des institutions ; de l’autre, risquer de marginaliser le parti dans le processus électoral et dans l’opinion.
Reste à savoir si cette pression produira des résultats concrets… ou si elle contribuera à l’isolement d’un parti qui se veut toujours porteur d’alternance.
Martial Galé






























