
Présidentielle 2025 : Affi N’Guessan s’accroche et rêve encore d’un front uni
Lemandatexpress – À 72 ans, Pascal Affi N’Guessan n’a pas renoncé à ses ambitions présidentielles. Pour la troisième fois, le président du Front populaire ivoirien (FPI) brigue la magistrature suprême, dans un contexte où l’opposition peine à faire front commun face au pouvoir d’Alassane Ouattara.
Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo se présente comme une passerelle entre générations, mais aussi entre courants idéologiques. Installé dans sa résidence d’Abidjan Riviera 4, il assure : « Quoi qu’il arrive, je suis candidat. » Son programme, structuré en sept axes, promet une Côte d’Ivoire modernisée, une justice indépendante, une décentralisation renforcée et une sécurité accrue.
En effet, chef du FPI depuis 2015, Affi a traversé des années de guerre fratricide au sein de l’ex-parti présidentiel. Une crise qui a vu émerger le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le MGC de Simone Gbagbo. Aujourd’hui, il affirme vouloir tourner cette page et se positionne au sein d’une opposition dite « pacifiste ».
Fort de trois décennies de vie politique, Pascal Affi N’Guessan estime être un héritier légitime des grandes figures ivoiriennes. Pour lui, les « jeunes loups » comme Charles Blé Goudé ou Guillaume Soro « ne sont pas encore prêts », tandis que les anciens ont atteint leur limite. Son objectif : servir de trait d’union, puis passer le témoin à la génération montante.
S’il reconnaît avoir commis une erreur stratégique en appelant au boycott de la présidentielle de 2020 boycott suivi d’une arrestation et d’une détention de deux mois, il se veut aujourd’hui ferme : il ira jusqu’au bout, que la candidature d’Alassane Ouattara soit confirmée ou non, et que les « inéligibles » comme Gbagbo, Soro ou Thiam soient rétablis ou pas.
Aussi, malgré une défaite cuisante lors des régionales de 2023 dans le Moronou, où il avait tenté une alliance inattendue avec le RHDP, Affi N’Guessan n’a pas renoncé à l’idée d’un regroupement de l’opposition. Membre actif de la CAP-CI (Coalition pour une alternance pacifique), il affirme : « Je peux être parmi les grands candidats de l’opposition organisée. »
Poursuivant, il dit maintenir le contact avec Simone Ehivet Gbagbo et Charles Blé Goudé, tous deux membres de la CAP-CI, et avoir échangé en avril avec Tidjane Thiam, président du PDCI. Sur ses relations distantes avec Laurent Gbagbo, aucune rencontre directe depuis 2021, mais des échanges indirects à travers leurs entourages. Il l’assure : « Elle [la rencontre] aura lieu, c’est une question de calendrier. »
Un dialogue sous tensions
La réalité des rapports dans l’opposition reste néanmoins complexe. Le 16 juillet, alors que le PDCI et le PPA-CI affichaient leur rapprochement, des membres de la CAP-CI s’entretenaient avec des cadres du RHDP. Une initiative que Pascal Affi N’Guessan a sèchement rejetée, affirmant que seul un dialogue avec le gouvernement l’intéressait, non un rapprochement avec le parti présidentiel.
Entre autonomie revendiquée des partis et désaccords persistants, l’unité de l’opposition reste hypothétique. Mais une seule est sûre, Affi veut encore croire à une alliance avant le premier tour du 26 octobre 2025, à condition, dit-il, que les protagonistes fassent preuve de « sincérité » et de « bonne volonté ».
A.S avec Jeune Afrique































