
Présidentielle 2025 au Cameroun : 81 candidatures enregistrées, l’opposition divisée face à l’inusable Paul Biya
Lemandatexpress – La Commission électorale nationale (Elecam) a clos ce lundi à minuit la période de dépôt des candidatures pour l’élection présidentielle prévue le 12 octobre prochain. Résultat inédit : 81 dossiers ont été enregistrés, un record historique dans le pays, loin devant les 29 candidatures de 2018, pourtant déjà considérées comme exceptionnelles.
Cette explosion des candidatures survient malgré un durcissement du cadre légal, notamment une caution électorale multipliée par 20 (passée de 1,5 à 30 millions FCFA) et l’obligation pour chaque parti d’avoir au moins un élu pour valider une candidature. Un contexte restrictif qui n’a visiblement pas dissuadé les nombreux prétendants.
Parmi les figures bien connues du paysage politique, on note Paul Biya, 92 ans, président sortant et chef du RDPC, en quête d’un 8ᵉ mandat consécutif depuis son arrivée au pouvoir en 1982. Maurice Kamto (Manidem), Cabral Libii, et Joshua Osih (SDF), tous en lice pour la deuxième fois. Bello Bouba, ancien allié du régime, fait son retour via l’UNDP, après une absence remarquée.
Certains candidats attirent l’attention pour des raisons singulières. Daloutou Hamada, 31 ans, originaire de l’Adamaoua, a déposé sa candidature malgré le seuil d’âge légal fixé à 35 ans. D’autres candidatures féminines émergent aussi, notamment Tomaïno Ndam Njoya, maire de Foumban et présidente de l’UDC.
Des partis comme l’UPC (3 candidats), le Parti Univers (2 candidats), le Mouvement Progressiste, ou encore l’Union des mouvements socialistes, ont également saisi l’opportunité de porter leurs voix.
Le Conseil constitutionnel dispose désormais de 12 jours pour examiner les dossiers et publier la liste officielle des candidats autorisés à se présenter.
Pour certains observateurs, ce foisonnement de candidatures pourrait servir à diluer l’opposition. Un journaliste local confie anonymement « Le pouvoir mise sur l’éclatement des voix pour conforter la position de Biya. »
Malgré une économie dynamique par endroits, les inégalités criantes, l’inflation (5 % en 2024) et la pauvreté persistante (40 % de la population) alimentent un climat social tendu. Sur les réseaux sociaux, les Camerounais dénoncent de plus en plus ouvertement leurs conditions de vie précaires et le manque d’accès aux services de base comme l’eau potable ou les soins de santé.
Dans ce contexte tendu et éclaté, l’élection présidentielle de 2025 s’annonce incertaine, entre volonté de changement et d’inertie d’un système solidement ancré depuis plus de quatre décennies.
Izoudine Youssef































