
Côte d’Ivoire : Le député Bredoumy Soumaïla maintenu en garde à vue malgré l’invocation de son immunité parlementaire
Lemandatexpress – Le député Bredoumy Soumaïla Kouassi Traoré a été maintenu en garde à vue ce mercredi 26 novembre 2025, à l’issue de son audition à la Préfecture de Police d’Abidjan. Cette décision, qui intervient dans un climat de fortes tensions politiques et juridiques, relance le débat sur le respect de l’immunité parlementaire garantie par la Constitution ivoirienne.
Convoqué par les services de police, le député s’est présenté dans la matinée pour être entendu dans le cadre d’une procédure judiciaire le visant. À la fin de son audition, les autorités ont décidé de son maintien en garde à vue, une mesure immédiatement dénoncée par ses avocats.
Selon Me Jean-Chrysostome Blessy, l’un des conseils du député, aucune situation de flagrant délit seule exception permettant l’interpellation d’un parlementaire sans autorisation préalable de l’Assemblée nationale — n’a été constatée. Dès lors, la défense estime que la garde à vue viole frontalement les dispositions constitutionnelles protégeant les élus.
À la sortie de l’audition, Me Blessy a dévoilé les multiples chefs d’accusation retenus contre son client. Bredoumy Soumaïla est poursuivi pour : acte terroriste, incitation à l’insurrection, à la haine et à la xénophobie, vol, incendie volontaire de biens publics et privés, complot contre l’autorité de l’État, atteinte à la sûreté de l’État et à l’ordre public, incitation à la révolte populaire, incitation au meurtre, dénonciation calomnieuse.
Pour la défense, cette accumulation équivaut à une mise en cause globale. « On dirait presque toutes les infractions prévues par le Code pénal ivoirien », a ironisé Me Blessy.
L’avocat a rappelé que, quelles que soient les opinions politiques entourant le député, celui-ci demeure un élu de la nation. « On peut aimer Bredoumy, on peut ne pas l’aimer, mais il est député de la Côte d’Ivoire », a-t-il insisté, soulignant qu’aucune force de l’ordre ne peut légalement le maintenir en garde à vue sans la levée préalable de son immunité, hors cas de flagrant délit.
La défense assure avoir proposé que le député regagne son domicile et reste disponible pour toute nouvelle convocation, le temps d’engager la procédure légale de levée de l’immunité parlementaire. Une proposition restée sans réponse de la part des autorités.
Les délais de garde à vue en Côte d’Ivoire sont stricts : 48 heures, avec une possible prolongation jusqu’à 72 heures sous conditions spécifiques. Me Blessy dit attendre des autorités qu’elles respectent « la loi dans toute sa rigueur », rappelant que la protection des libertés individuelles repose sur l’application scrupuleuse du droit.
« Ce serait apaisant de savoir qu’on est poursuivi ou condamné pour des infractions réellement commises, mais en respectant scrupuleusement la loi », a déclaré l’avocat, pour qui l’État de droit doit rester le cadre incontournable de toute action judiciaire.
L’affaire, déjà très commentée, continue de provoquer de vives réactions dans la classe politique et au sein de la société civile. Les prochaines heures seront décisives pour déterminer la suite de la procédure et la manière dont les autorités entendent concilier action judiciaire et respect des dispositions constitutionnelles.
Le dossier Bredoumy Soumaïla pourrait bien devenir un test majeur pour l’équilibre institutionnel et la protection des immunités parlementaires en Côte d’Ivoire.
Izou Dine






























