Cameroun : Décès en prison de l’opposant Anicet Ékané, « L’État à manqué à ses droits », dénonce l’ONG Nouveau Droit de l’Homme
Lemandatatexpress – La scène politique camerounaise est en deuil. En cause, le décès ce lundi 1er décembre de l’opposition Anicet Ekané, en détention.
Anicet Ekané était une figure majeure de la vie politique camerounaise de ces dernières décennies, engagé dès l’époque du président Ahmadou Ahidjo, bien avant l’arrivée de Paul Biya au pouvoir. Lors de la dernière élection présidentielle, il s’était rangé derrière Issa Tchiroma Bakary.
Ce dernier dénonce aujourd’hui une mort aux circonstances d’une « brutalité juridique et humaine inqualifiable ». Âgé de plus de 70 ans, Aniceté Ekané était en détention depuis le 24 octobre, arrêté peu avant la proclamation des résultats de l’élection présidentielle. Il souffrait de problèmes de santé.
Pour Cyrille-Rolande Béchon, directrice exécutive de l’ONG Nouveau Droit de l’Homme, l’État camerounais a manqué à ses responsabilités : « C’est une obligation pour celui qui détient de prendre toutes les dispositions nécessaires pour que celui qui est détenu ne meure pas en détention. C’est une responsabilité de l’État qui détient. Il n’est pas mort dans un hôpital. Si tel avait été le cas, on aurait pu dire que les dispositions minimales avaient été prises. Mais elles ne l’ont pas été. Nous avions d’ailleurs appris récemment qu’il avait eu des difficultés pour accéder à son kit médical. C’est un choix délibéré de le laisser mourir, un choix délibéré de régner par la terreur, un choix délibéré de montrer que même votre vie dépend d’eux. »
Elle estime que ce début de mandat de Paul Biya « commence avec de mauvaises choses » et « annonce les couleurs de la répression », évoquant des réunions toujours interdites et des arrestations persistantes. Pour elle, « on a laissé mourir Anissé. C’est clair que ce mandat va être de trop, un mandat rude pour les combattants de la liberté et de la démocratie au Cameroun. »
De leur côté, les autorités camerounaises annoncent l’ouverture d’une enquête et la réalisation d’une autopsie. Au nom du gouvernement, le ministre du Travail, Grégoire Owona, également secrétaire général adjoint du comité central du parti présidentiel, a réagi :
« J’avais connu Anicet longtemps à Douala. Nous entretenions des relations empreintes de respect mutuel et de sympathie malgré nos divergences politiques. Je voudrais adresser mes condoléances à sa famille et regretter sincèrement que cela soit arrivé. Nous savions tous qu’Anicet était malade et avait des pathologies. Les autorités ayant ouvert une enquête, je crois qu’avant de jeter l’opprobre sur qui que ce soit, il est souhaitable d’attendre les résultats de ces investigations, que j’espère rapides, afin que la famille puisse faire son deuil en toute sérénité. »
M. Galé, avec RFI





























