
Mécanisme de règlement des griefs du Projet ATP: Un pilier de transparence et d’inclusion communautaire
Le Projet Abidjan Transport (ATP), financé par le peuple Américain à travers le Millennium Challenge Corporation (MCC), représente l’un des investissements les plus structurants en matière de mobilité urbaine en Côte d’Ivoire. Au cœur de ce projet ambitieux, un dispositif clé garantit l’adhésion des populations et la prise en compte effective de leurs préoccupations : le Mécanisme de Règlement des Griefs (MRG), piloté par le Comité de Règlement des Griefs et Gestion (CRGG).
Un dispositif structuré et transparent
Le MRG est un système formalisé, accessible et inclusif qui permet à toute personne affectée par le projet – résidents, commerçants, travailleurs, entreprises ou groupes vulnérables – de soumettre une plainte, un retour ou une préoccupation. Ce mécanisme vise à prévenir les tensions sociales, à résoudre les conflits de manière équitable et à garantir la conformité du projet aux standards environnementaux et sociaux internationaux selon les normes de la Société Financière Internationale (SFI).
Un processus rigoureux en plusieurs étapes
Dans le cadre des activités du projet ATP, le traitement des griefs suit un cycle bien défini :
1.Réception et enregistrement : Tous les retours sont reçus via une pluralité de canaux (agents de liaison, plateformes électroniques, téléphone, boîtes à plaintes) et enregistrés dans le système sécurisé e-SGES avec un numéro de suivi unique.
2. Catégorisation et priorisation : Les plaintes sont classées selon leur nature (expropriation, nuisances, violences basées sur le genre, etc.) afin d’adapter le niveau de réponse.
3. Analyse et investigation : En lien avec les parties concernées, notamment la CMOP (Cellule de Mise en Œuvre du Projet) et l’ESOC (Consultant en supervision environnementale et sociale), le CRGG mène des enquêtes pour comprendre l’origine du grief.
4. Proposition de solutions et médiation : Des mesures correctives sont définies. Le CRGG agit comme médiateur indépendant pour garantir l’impartialité du processus.
5. Retour d’information au plaignant : Les décisions prises sont systématiquement communiquées au plaignant. Un mécanisme de recours est prévu en cas d’insatisfaction.
6. Suivi, documentation et reporting : L’ensemble des dossiers est archivé, et des rapports réguliers sont produits pour améliorer en continu la performance du système.
Un accès facilité pour tous
Le MRG a été conçu pour être culturellement adapté, gratuit et accessible, même pour les personnes les plus vulnérables. Le rôle des Agents de Liaison Communautaire (ALC) est fondamental : ils sont présents sur le terrain pour sensibiliser les populations, recueillir les plaintes et accompagner les plaignants dans leurs démarches.
Des canaux variés sont disponibles pour soumettre une plainte :Plateforme e-SGESTéléphoneCourriers ou dépôts physiquesConsultations publiquesBoîtes à suggestionsRéseaux sociaux et messagerie instantanée
Prise en compte des plaintes sensibles
Le CRGG applique une vigilance particulière aux plaintes à haut risque, notamment les cas de violences basées sur le genre (VBG) ou d’exploitation et abus sexuel (EAS). Des points focaux spécialisés sont mobilisés, et des mécanismes confidentiels sont mis en œuvre en partenariat avec les structures spécialisées.
Synergie avec les parties prenantes
Le MRG repose sur une collaboration étroite avec la CMOP, l’ESOC, les collectivités locales, les leaders communautaires et les plateformes de protection sociale. Chaque acteur joue un rôle complémentaire dans le traitement des griefs, renforçant ainsi la redevabilité du projet.
CMOP : Partenaire opérationnel dans la mise en œuvre des solutions techniques aux plaintes.
ESOC : Garant de la conformité sociale et environnementale ; il valide les actions correctives proposées.Communautés locales : Acteurs centraux du processus, régulièrement consultés et informés.
Un levier de gouvernance durable
Le MRG ne se limite pas à la résolution de conflits. Il est aussi un instrument de gouvernance participative qui permet au projet ATP de s’adapter en continu aux réalités du terrain, en intégrant les retours comme leviers d’amélioration. Ce mécanisme contribue ainsi à construire une relation de confiance entre les autorités, les exécutants du projet et les populations.Le Mécanisme de Règlement des Griefs du projet ATP, orchestré par le CRGG, incarne une vision moderne, inclusive et responsable de la gestion de projet. Il démontre que la réussite d’une infrastructure ne dépend pas uniquement de la qualité technique des ouvrages, mais aussi de la capacité à écouter, à dialoguer et à résoudre les préoccupations des communautés affectées. En garantissant transparence, équité et efficacité, ce dispositif renforce la légitimité du projet ATP et offre un modèle de gouvernance reproductible dans d’autres initiatives d’aménagement urbain en Afrique. Notons que le projet ATP est mis en œuvre par le Millennium Challenge Account (MCA) Côte d’Ivoire.
Mathias Kouamé





























