
Biodiversité et transition écologique: La Côte d’Ivoire affine sa stratégie avant la 12ᵉ plénière de l’IPBES
Lemandatexpress – Abidjan a abrité, ce mercredi 10 décembre 2025, au Plateau, la cérémonie d’ouverture de l’atelier de restitution des recommandations issues de l’atelier sous-régional de Lomé et de préparation de la 12ᵉ plénière de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Cette rencontre stratégique réunit administrations publiques, partenaires techniques et financiers, chercheurs, société civile et secteur privé autour des enjeux majeurs de la préservation du vivant et de la transition écologique.
Au nom du ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique, Assahoré Konan Jacques, la Directrice générale de l’Environnement, Dr N’TAIN Jeanne, a souligné l’urgence d’agir face à la double crise que constituent la perte de biodiversité et les changements climatiques. Selon elle, ces deux phénomènes sont intimement liés et menacent directement les bases du développement et le bien-être des populations. Dans ce contexte, elle a rappelé le rôle central des travaux de l’IPBES et du GIEC, qui offrent aux décideurs publics des repères scientifiques indispensables pour orienter les politiques environnementales.
Poursuivant son propos, la représentante du ministre a indiqué que l’atelier sous-régional de Lomé s’inscrivait dans une dynamique de construction de politiques intégrées, où climat et biodiversité avancent de manière cohérente. Elle a ainsi invité les participants à faire de cette rencontre nationale un espace d’échanges approfondis, afin de dégager une vision partagée et des propositions ambitieuses, mais réalistes, capables de renforcer la gouvernance environnementale en Côte d’Ivoire. Elle a également salué l’appui déterminant du Programme des Nations Unies pour le Développement, à travers le projet BESNet, ainsi que des initiatives CABES et RESPIN, dont les actions contribuent au renforcement des capacités africaines et à une meilleure intégration des connaissances scientifiques dans les politiques publiques.
Prenant la parole à son tour, Kouakou Estelle, représentante de la Représentante résidente du PNUD en Côte d’Ivoire, a rappelé que le pays figure parmi les États les plus riches en biodiversité sur le continent africain. Toutefois, cette richesse est aujourd’hui fortement menacée par de multiples pressions, notamment les espèces exotiques envahissantes, qui contribuent largement à la dégradation des écosystèmes, à la perte de productivité agricole et à l’appauvrissement des sols. Elle a cité des données préoccupantes de l’IPBES, indiquant que 60 % des extinctions d’espèces à l’échelle mondiale sont liées à ces espèces invasives et que plus d’un million d’espèces sont actuellement menacées d’extinction, en grande partie du fait des activités humaines.
Dans cette perspective, l’année 2025 apparaît comme une étape charnière pour la Côte d’Ivoire, marquée par la révision de la Stratégie et du Plan d’Action nationaux pour la biodiversité (SPANB) et par une meilleure prise en compte de la biodiversité dans les Contributions déterminées au niveau national (CDN 3.0). Face à ces enjeux, le PNUD, à travers le programme BES-Net mis en œuvre en partenariat avec l’UNEP-WCMC et l’UNESCO, accompagne le pays dans l’intégration des résultats de l’IPBES dans les politiques publiques, le renforcement des capacités nationales et la mobilisation de financements en faveur du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal.
La représentante du PNUD a également insisté sur l’importance de cet atelier dans la préparation de la délégation ivoirienne à la 12ᵉ plénière de l’IPBES. Les travaux permettront notamment d’examiner des sujets clés tels que l’impact des activités des entreprises sur la biodiversité, les besoins en renforcement des capacités, la consolidation des connaissances scientifiques et la validation du rapport de cadrage de la deuxième évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques. L’objectif est de dégager une position nationale claire, cohérente et fondée sur la science.
Pour sa part, Mohamed Atani, représentant du Programme des Nations Unies pour l’environnement pour l’Afrique de l’Ouest, a mis en lumière la stratégie, basée sur trois piliers interdépendants : la lutte contre le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution. Il a relevé plusieurs défis majeurs auxquels font face les pays africains dans l’élaboration de leurs plans nationaux pour la biodiversité, notamment l’accès au financement, la disponibilité et le partage des données, la coordination intersectorielle et la faible prise en compte de la biodiversité dans les plans nationaux de développement.
Selon lui, l’absence de données fiables et partagées freine considérablement l’efficacité des politiques publiques, tandis que le déficit de coopération entre secteurs limite l’intégration de la biodiversité dans les stratégies de développement. Il a plaidé pour l’élaboration de stratégies nationales fortes, inclusives et cohérentes, condition indispensable à la mise en place de plans de financement crédibles et capables de soutenir des actions concrètes. Réaffirmant l’engagement du PNUE, il a assuré de la disponibilité de son institution à accompagner la Côte d’Ivoire dans la transformation de ses stratégies en actions tangibles.
Au terme de la cérémonie, les différents intervenants ont convergé sur la nécessité d’unir les efforts, de renforcer l’interface entre science et décision publique et de placer durablement la biodiversité au cœur des priorités nationales. Un enjeu de taille, car préserver la biodiversité, ont-ils rappelé, revient avant tout à protéger l’avenir des populations et les fondements du développement durable en Côte d’Ivoire.
Abran Saliho































