
Le « oui mais » d’Alassane Ouattara, l’opposition prend la rue, aucune liste à la CEI…
Lemandatexpress – Au terme du 2ᵉ congrès extraordinaire du RHDP, le président Alassane Ouattara a accepté de garder la direction du parti, tout en différant de quelques jours sa décision en vue de la présidentielle. Pendant ce temps, l’opposition continue de battre le pavé pour exiger l’inscription de ses leaders sur la liste électorale. Dans la même veine, la CAP-CI récuse la CEI et choisit de ne pas déposer de listes pour le parrainage citoyen. Enfin, Sa Majesté Amon Tanoé promet une loi d’amnistie. (La Matinale Expresse)
Le RHDP l’a fait. Pendant 48 heures, le parti présidentiel a démontré sa force mobilisatrice. Le temps d’un congrès ordinaire, ouvert le samedi 21 juin au Parc des expositions d’Abidjan, qui s’est clôturé en apothéose le lendemain au stade olympique Alassane Ouattara d’Ébimpé.
« Plus de 100.000 personnes mobilisées », constate Le Patriote. Pour Le Mandat, le RHDP a ainsi « tué » le match avant l’heure, soulignant au passage le « pari gagné pour Amedé Kouakou et son équipe ». « La preuve que le RHDP gagne avec plus de 90 % », martèle RHDP News.
Mais au-delà de l’ambiance festive et de l’enthousiasme débordant, la parole du chef de l’État et président du RHDP était très attendue. Et tout naturellement, Alassane Ouattara, porté par une incroyable chaleur militante, a parlé.
S’il s’est dit disposé à toujours présider aux destinées du RHDP pour en assurer la stabilité et la vitalité, le chef de file des Houphouëtistes a maintenu, en revanche, le suspense sur sa décision de briguer ou non la magistrature suprême. « Je prendrai ma décision dans les jours à venir », a-t-il tempéré, tel que rapporté par L’Expression. Question de se donner le temps d’une réflexion bien mûrie. « Ouattara, le suspense jusqu’au bout », analyse L’Inter.
Tout compte fait, Alassane Ouattara dit avoir compris ses partisans, dont l’appel pressant à sa candidature en dit long sur son leadership. « Président, la Côte d’Ivoire a besoin de vous pour bâtir un pays encore plus prospère », a fait remarquer le VPR Tiémoko Meyliet Koné.
L’opposition, en réaction à la posture en clair-obscur du président, crie victoire. « Ouattara a reculé et vient de se mettre hors-jeu », déclare Damana Pickass du PPA-CI dans La Voie Originale. « C’est une victoire contre le 4ᵉ mandat », ajoute-t-il, selon Le Temps.
L’opposition prolonge, de ce fait, sa logique de contestation et d’invectives dans un climat préélectoral tendu. Des actions de terrain ont eu lieu dans plusieurs localités. « Dans le district des Montagnes, le PDCI inonde Man et exige la réinscription de Thiam », écrit Le Nouveau Réveil, qui relaie les propos de Kah Zion en ces termes : « La réinscription de Thiam n’est nullement une faveur, mais un devoir de justice s’impose. » De son côté, le PPA-CI a engagé la jeunesse de Lakota dans le mouvement « Trop, c’est trop », fait savoir Aujourd’hui.
Par ailleurs, la protestation contre l’organe en charge des élections reste vive. « Simone Gbagbo et CAP-CI disqualifient la CEI de Kuibiert », bûcheronne Générations Nouvelles. La Coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire va plus loin dans sa démarche : elle n’enverra aucune liste à la CEI concernant la désignation des coordinateurs régionaux en vue du parrainage citoyen, selon toujours Le Nouveau Réveil. D’évidence, cette plateforme ferme ainsi définitivement la porte à une participation à la présidentielle.
Dans cette atmosphère agitée, la Chambre des rois et chefs traditionnels apporte une voix plus ou moins apaisante. En effet, Sa Majesté Amon Tanoé, président de cette organisation, « promet une loi d’amnistie » dans la perspective des élections présidentielles, écrit Aujourd’hui. Une annonce qui ne manquera pas d’intérêt dans ce contexte marqué par un bras de fer farouche entre l’opposition et la majorité.
Martial Galé