Port de pêche d’Abidjan : des acteurs de la filière halieutique appellent à des états généraux du secteur
Lemandatexpress – Des professionnels de la filière halieutique dénoncent des difficultés qui nuisent à l’exercice de leur activité et appellent à la tenue des états généraux pour revitaliser le secteur.
La semaine dernière, lors d’une réunion à Cocody, ces acteurs ont, une des rare fois, exprimé leur préoccupation concernant la situation critique du port de pêche d’Abidjan, qui plonge, selon eux, de nombreux professionnels dans une profonde inquiétude. “Face à cette situation, nous, professionnels du secteur, lançons un appel urgent à l’ensemble des institutions de la République, notamment la Primature, l’Inspection générale d’État et la Haute autorité pour la bonne gouvernance, pour convoquer des États généraux de la filière halieutique », a déclaré un acteur, sous couvert d’anonymat.
Un décret présidentiel
Ces acteurs souhaitent que les autorités, et particulièrement le ministère des Ressources animales et halieutiques (Mirah), prennent conscience des problèmes auxquels ils font face. Ils ont notamment pointé du doigt le non-respect d’un décret présidentiel qui devait plafonner le prix du kilogramme de “faux thon” à 400 FCFA. En effet, l’absence de suivi a conduit à une inflation incontrôlée, faisant grimper le prix de ce poisson à plus de 1.000 FCFA à bord des navires, une situation intenable pour les mareyeurs et les consommateurs, disent-ils.
Répercussions désastreuses
Selon les professionnels, cette hausse a des répercussions désastreuses sur l’approvisionnement des usines, ainsi que sur les consommateurs, en particulier les plus pauvres, pour qui le “garba”, aliment de base, est devenu un luxe inabordable. « En mélangeant “faux thon” et poisson de meilleure qualité, certains armateurs cherchent à maximiser leurs profits, une pratique dénoncée dans une lettre adressée au ministère de tutelle », ont-ils révélé.
Ils ont rappelé, par ailleurs, la tenue d’un atelier en septembre 2022 à Grand-Bassam, qui avait proposé des solutions pour résoudre ces problèmes. Des recommandations qui, à les entendre, semblent avoir été ignorées. « De plus, la création d’une interprofession censée regrouper toutes les organisations du secteur a été marquée par des irrégularités. Des organisations-clés ont été exclues du processus électoral, et ceux qui s’opposaient au plafonnement des prix se retrouvent désormais à la tête de cette interprofession, exacerbant les tensions », regrettent ces acteurs qui écartent toute idée d’un bras de fer de leur démarche.
Solutions adaptées
« Nous ne cherchons pas l’affrontement, mais la solution. Nous croyons en la force de la proposition et de la persuasion, et c’est pourquoi nous appelons à l’organisation des états généraux de la filière halieutique. Ce moment de concertation permettra de diagnostiquer les problèmes, d’envisager des solutions adaptées et de s’inspirer des réussites d’autres secteurs », espèrent-ils.
En clair, les professionnels de la filière halieutique militent pour l’adoption d’une approche inclusive et participative pour sortir de cette crise. Ils appellent à la tenue des états généraux de la filière halieutique afin de trouver des solutions adaptées, garantir des prix justes et préserver l’avenir de milliers de familles qui dépendent de ce secteur.
M. GALÉ